Le président de la République a estimé, lors de sa conférence de presse de septembre, que le couple franco-allemand devait « aller plus loin dans les politiques intégrées » et « être le moteur de la transition énergétique ». Sauf que les organes de transmission du moteur ne tournent pas encore dans le même sens, à en croire une étude de l'Office franco-allemand pour les énergies renouvelables. Elle porte sur le financement des renouvelables et montre des différences à tous les niveaux.
En France, le projet de loi sur la transition énergétique prévoit la possibilité d'une participation des citoyens au capital des sociétés de projet. Outre-Rhin, l'investissement local est déjà monnaie courante : bon nombre d'installations y sont financées par des fonds d'investissement alternatifs (FIA) et des sociétés coopératives. Ainsi, 800 entreprises de ce type sont référencées dans le secteur énergétique, dont 600 créées après 2006. Et 87 % d'entre elles sont engagées dans des projets locaux de production d'électricité renouvelable. Au plan individuel, en Allemagne, « l'investissement de base oscille entre 1 000 et 6 000 euros dans 70 % des cas », souligne l'étude. Et les coopératives ont investi 1,2 milliard d'euros dans les renouvelables en 2013. Pour la même année, le financement participatif plafonne en France à 78,3 millions… L'engagement des collectivités diverge aussi entre les deux pays. En France, elles mettent à disposition des espaces publics, proposent des avances remboursables et des garanties d'emprunt, investissent dans des sociétés d'économie mixte (SEM)… En Allemagne, les partenariats public-privé n'ont plus le vent en poupe. « On assiste à un mouvement de “recommunalisation” de l'approvisionnement énergétique, notamment dans les villes de petite et moyenne dimensions. » Les entreprises communales allemandes représentent ainsi la moitié du marché de détail de la fourniture d'électricité.
Pour soutenir les renouvelables, les deux pays peuvent bénéficier de financements européens, notamment ceux de la Banque européenne d'investissement et du fonds Marguerite. Les Régions françaises et les Länder allemands développent par ailleurs des outils de soutien financés par le Feder. En France, la Caisse des dépôts et consignations investit directement dans les projets qu'elle juge pertinents. La Banque publique d'investissement propose plutôt des prêts. En Allemagne, la KfW et la Banque de rente agricole s'appuient, quant à elles, sur les banques locales, en les faisant bénéficier de leur capacité de refinancement sans prendre le risque de non-remboursement de l'emprunteur.
Cela dit, des deux côtés du Rhin, l'enjeu est désormais le même : maintenir le cap de la transition énergétique en maîtrisant davantage les coûts. Les actuels mé c anism e s de soutien ne devraient pas en sortir indemnes. Le poids croissant de la contribution au service public de l'électricité (CSPE) en France et de la contribution EEG en Allemagne font grincer quelques dents. Les tarifs d'achat réglementés devraient progressivement laisser la place à des primes dépendantes du marché. Les Allemands devraient par ailleurs recourir davantage aux appels d'offres afin de mieux maîtriser leur niveau de soutien aux renouvelables… Une piste soufflée par Bruxelles et déjà explorée en France. Un début de convergence ?