L'
autoconsommation simple, c'est pour demain, pour 2015 », assure Joël Mercy, président du Groupement des particuliers producteurs d'électricité photovoltaïque (GPPEP). Et beaucoup d'acteurs de la filière partagent son avis. La parité réseau est atteinte dans le sud dans la France et devrait concerner l'ensemble du territoire dans les prochaines années, en fonction naturellement de l'évolution des prix de l'électricité vendue sur le réseau. Installer des panneaux photovoltaïques et consommer leur production revient alors au même prix que d'acheter son électricité sur le réseau… à une différence près non négligeable : ce prix est garanti fixe sur plus de vingt-cinq ans.
L'essentiel reste de dimensionner correctement l'installation. Et là, les avis divergent. « Pour un particulier, le talon de consommation, c'est-à-dire le minimum consommé en permanence par les appareils électriques, comme le réfrigérateur et le boîtier internet, représente entre 500 W et 1 kW, détaille Richard Loyen, secrétaire général du syndicat Enerplan. Donc aujourd'hui, disposer d'une installation de 500 W chez soi peut être intéressant. » À condition de consommer tous les électrons produits. Car si le solde est donné au réseau sans contrepartie financière, la rentabilité de l'installation diminue. La limite d'un tel modèle est d'inciter à réaliser de toutes petites installations. Ce qui, pour certains acteurs comme Hespul, revient à freiner le développement de la filière. « Dans le résidentiel, miser sur l'autoconsommation n'est pour le moment pas pertinent en France. Cela pousse soit à augmenter les consommations pour absorber toute l'électricité produite, soit à n'installer qu'un ou deux mètres carrés de panneaux pour ne pas trop produire », objecte Marc Jedliczka, directeur général de l'association. Or, 80 % de la population vit en ville, où le facteur limitant est la surface disponible au soleil. « Il faut l'occuper au maximum et mettre le plus de panneaux possible », insiste Marc Jedliczka.
Au-delà des particuliers, les professionnels du photovoltaïque voient plutôt une opportunité pour l'autoconsommation à l'échelle de l'îlot urbain. Grâce aux différents usages, elle permet d'absorber la production à toute heure de la journée. « Produire et consommer l'électricité sur une boucle locale diminue la sollicitation du réseau de distribution moyenne tension, au-delà du transformateur, et évite les pertes en ligne liées au transport de l'électricité, car la consommation et la production se font lo ca lement », défend Florent Poullard, chargé de projet chez SB Energy.
Ce nouveau type d'utilisation de la production renouvelable, déjà testé sur quelques projets pilotes comme dans le quartier de Lyon Confluence, nécessite cependant des adaptations de la législation et du tarif pour l'accès au réseau. En attendant, d'autres opportunités existent pour l'autoconsommation, dans le tertiaire et l'industrie, où la forte activité diurne permet de synchroniser la production photovoltaïque et la consommation d'électricité. « L'inconvénient, c'est que les prix de l'électricité dans l'industrie sont plus faibles que chez les particuliers et la parité réseau n'y est donc pas encore atteinte », nuance Richard Loyen. Sur ces sites, l'autoconsommation attendra donc a priori encore quelques années, à moins que des aides ne soient créées. C'est ce que certaines régions, comme l'Alsace, l'Aquitaine, le Poitou-Charentes et le Languedoc-Roussillon, ont décidé de faire à travers des appels à projets. En espérant que cela permette de paver le chemin de l'autoconsommation.