À quelque deux cents jours de la Cop 21, où en sommes-nous ? Alors que les États poursuivent leurs négociations aux quatre coins de la planète, la société civile s'organise et veut se faire entendre. Car la particularité (et la force ?) de la conférence climatique de Paris réside dans la volonté de faire exister et reconnaître, en parallèle de l'accord entre États, les engagements des acteurs non étatiques.
Alors que les collectivités locales vont organiser leur sommet tout début juillet à Lyon, les entreprises et le secteur financier ont montré, à travers le Business Climate Summit et le Climate Finance Day qui se sont tenus à Paris du 20 au 22 mai, leur volonté d'être des parties prenantes actives. Premier enseignement rassurant, la COP 21 mobilise. En effet, ces deux manifestations ont fait salle comble à l'Unesco et ont réuni le gotha du monde des affaires, P-DG des plus grandes entreprises de la planète, des banques et des fonds d'investissement aux côtés de ministres et de représentants des organisations internationales. Deuxième enseignement : le réalisme est de rigueur, mais se traduit bien différemment selon le métier.
Chez les industriels, pas d'engagements spectaculaires
et une seule demande qui fait consensus : un prix du carbone. Le signal indispensable à leurs yeux pour peser sur les stratégies et encourager les solutions bas carbone. Le Medef et six autres organisations françaises et internationales ont seulement décidé de lancer une structure pérenne de dialogue entre les gouvernements et les entreprises, le Business Dialogue.
Du côté des investisseurs, en revanche, la mobilisation va bien au-delà des mots, à l'image d'Axa, le premier assureur mondial. Son président, Henri de Castries, a annoncé son retrait des firmes les plus exposées aux activités liées au charbon d'ici à la fin de l'année, la multiplication par trois de ses investissements verts (3 milliards d'euros d'ici à 2020) et l'introduction de critères ESG* dans l'ensemble de ses portefeuilles. Dans son discours, François Hollande a affirmé combien il comptait sur l'Agenda des solutions proposées par la société civile pour compléter l'accord onusien. Il a reconnu qu'à la date du 20 mai, seuls 37 États sur 196 avaient envoyé leurs engagements chiffrés alors que l'échéance est fixée au 30 juin. Pas vraiment de quoi être optimiste.