Dans la presse régionale, lorsque les réseaux de chaleur font la Une de l'actualité, c'est à la rubrique « faits divers ». Aussi rares soient-elles, les pannes laissent des traces. Illustration à Bordeaux quand le dysfonctionnement d'un câble électrique a causé en 2006 des casses multiples. « L'arrêt du service n'a duré que vingt-quatre heures, mais concernait 10 000 équivalents logements », se souvient Claude Brossault, chef de service DSP déchets et réseaux de chaleur à Bordeaux Métropole… Chaque interruption donne une image rétrograde du réseau. « C'est une vraie contrepublicité vis-à-vis des usagers, des bailleurs et des élus. On a même étudié la possibilité d'arrêter le réseau », reconnaît-il. Pour garantir un bon niveau de service, Bordeaux a d'abord abandonné l'eau surchauffée (très pressurisée) au profit de l'eau chaude… Une stratégie réduisant les risques de casse et le temps de réparation. Les extrémités du réseau ont parallèlement été reliées pour qu'un problème sur une canalisation ne paralyse pas l'ensemble. Enfin, chaque îlot de consommation peut désormais être isolé et une seconde chaufferie (bois et gaz) a été créée au nord de la ville alors que l'usine d'incinération est au sud. De même, en Isère, Voreppe a séparé ses moyens de production pour « répartir les masses de chauffe », explique Alain Thévenon, son directeur général des services. Devenue inutile, la chaufferie d'un bailleur a, en particulier, été mise aux normes pour accueillir de nouveaux générateurs au gaz. S'il est tentant de se reposer sur plusieurs installations pour assurer une redondance des moyens de production, l'argument économique est tout autre. « Quand le réseau n'est pas très étendu, mieux vaut concentrer les investissements sur un même site », conseille Guillaume Planchot, directeur du développement chez Idex. Avec deux explications. D'une part, « les canalisations principales ne sont pas des points sensibles du réseau comme dans le monde de l'eau ». D'autre part, « l'usage est un peu moins vital ». Attention donc aux surcoûts inutiles. Mettre plusieurs chaudières dans une chaufferie est en revanche essentiel. De même qu'il est pertinent de conserver d'anciens équipements pour assurer une production de secours quand nécessaire (lire encadré), à condition que leur mise aux normes ou leur maintenance ne soient pas trop coûteuses. À Bordeaux, enfin, la qualité du service étant un impératif, la métropole s'est équipée en 2009 de cinq chaufferies mobiles brûlant du fioul et installées sur des semi-remorques. « C'était une demande forte des bailleurs », note Claude Brossault. Prévues pour éviter que tout un îlot soit paralysé, elles ont peu servi dans la préfecture girondine, mais ont plusieurs fois dépanné d'autres réseaux du Grand Ouest ! l