L’objectif de la Ville de Lorient est ambitieux : poser 1200 m² de panneaux solaires sur les bâtiments municipaux et doubler ainsi la puissance installée, pour atteindre 322 kWc. Et le plus étonnant, « c’est que nous atteindrons en fait notre but en seulement deux ans », annonce Pierre Crépeaux, responsable du service Environnement de la Ville. Le tout en misant uniquement sur l’autoconsommation. Avec la baisse des tarifs d’achat, lancer des appels d’offres pour faire installer des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments n'apparaissait plus possible. « Mais en 2013, l’un de nos techniciens, François Corre, nous a suggéré de réaliser une installation photovoltaïque en régie, c’est-à-dire en propre, et en autoconsommation », retrace Pierre Crépeaux.La Ville fait ses comptes en étudiant le cas d’une première école et estime, en effet, le projet rentable. Le dimensionnement et l’optimisation de la centrale sont faits en interne, mais il faut ensuite installer les panneaux. A Port-Louis, le lycée professionnel Julien Crozet propose justement une formation en énergies renouvelables. « Pour 800 euros, les enseignants ont organisé deux jours de stage sur la pose des panneaux photovoltaïques », expose Pierre Crépeaux. Le premier jour portait sur la théorie et, lors de la seconde journée, ils nous ont accompagnés, avec leurs élèves, sur les toits de notre école pour y poser les panneaux ! » Grâce à cette action, quatre électriciens de la Ville ont été formés… et la centrale a été mise en service en février 2015. Avec jusqu’ici de bons résultats : l’installation de 15 Wc, soit 120 m² de panneaux, a produit plus de 18 MWh en un an et a permis de couvrir 21 % des besoins de l’école en électricité. « Nous arrivons à un prix de l’électricité photovoltaïque de 12 centimes d'euros par kiloWattheure sur 20 ans », chiffre le responsable Environnement. « Et nous économisons 2500 euros par an sur la facture d’énergie pour une installation qui nous a coûté environ 30 000 euros. » Soit un retour sur investissement de l’ordre d'une dizaine d’années. Une troisième centrale cet étéForte de ce premier succès, Lorient a mis en service fin février une autre installation de 9 kWc, toujours en autoconsommation, sur une école maternelle. La Ville a en outre profité de l’expertise d’une entreprise locale pour apprendre à construire des panneaux solaires thermiques, et 6 m² de ces panneaux ont été posés pour combler une partie des besoins de la cantine. Une troisième centrale, de 36 kWc cette fois, devrait quant à elle voir le jour cet été. Pour cette dernière, la commune a obtenu une subvention de la Région, à hauteur de 40 %, ce qui lui a permis de financer le raccordement au réseau et donc de surdimensionner la centrale pour vendre le surplus de production. Mais si tous ces projets ont jusqu'à présent réussi, les moyens municipaux sont limités. Elle ne dispose que de 60 000 euros par an de budget pour atteindre son objectif et cela ne suffira pas. Il a donc fallu trouver une astuce pour continuer à poser du solaire. Lorient a, d’un côté, un budget d’investissement limité mais, de l’autre, un budget d’achat d’électricité conséquent, de l’ordre du million d’euros par an.La Ville a donc décidé de louer des panneaux solaires, au lieu de les acheter, ce qui lui permet d’utiliser pour cela le budget de fonctionnement. Un premier appel d’offres pour 45 kWc a ainsi été lancé afin de sélectionner des collectifs ou entreprises s’engageant à acheter des panneaux solaires et à les louer à la Ville de Lorient. Cette dernière se chargera ensuite d’installer supports, panneaux et micro-onduleurs sur les toits de ses bâtiments... et d’autoconsommer l’électricité produite.Un marché ouvert à tousParmi les critères sur lesquels les candidats seront sélectionnés figure bien sûr le prix annuel de location proposé mais également la qualité technique des panneaux et surtout, l’apport pédagogique. Lorient souhaite en effet accompagner son action d’une importante sensibilisation du grand public et encourager la participation citoyenne. « Nous aurions voulu réserver le marché aux entreprises sociales et solidaires et aux collectifs citoyens mais ce n’est pas légal », poursuit le responsable du service Environnement. « Nous avons donc fait un marché ouvert à tous, mais où la qualité du projet pédagogique compte énormément. » Une entreprise citoyenne, avec un surplus de militantisme, sera peut être plus à même d’assurer des actions de sensibilisation au moins une fois par an. Les candidatures ont été reçues mi-mars et la pose des panneaux devrait commencer au printemps. Avec en ligne de mire, le renouvellement de cet appel tous les ans, ce qui permettrait d’installer environ 300 m² de solaire par an à moindre coût. Et de dépasser rapidement l’objectif fixé.Anne Connors