Les quatre sociétés fondatrices de Wind-It – Elioth, Egis, DFI Telecom et Ergos Energy – sont parties d’un constat simple : « Le marché de la téléphonie mobile se développe rapidement dans les pays émergents. Cependant, le réseau électrique est insuffisant, voire même inexistant, dans de nombreux endroits pour alimenter les tours de télécommunication », retrace Laurent Grimaud, associé gérant chez Ergos Energy. En conséquence, les entreprises propriétaires des tours de communication font appel à des groupes électrogènes, souvent alimentés au diesel, qui coûtent cher. Afin de remédier à ce problème, Wind-It a créé une tour de télécommunication à la géométrie brevetée : sa forme hexagonale et la finesse de sa structure lui permettent d’intégrer en son centre des éoliennes verticales, qui fournissent l’énergie nécessaire à la tour.Une première tour de test a été installée à Vitré (35) en janvier 2015, mais c’est à Madagascar que sera déployé le premier pilote commercial. « Cette tour, de 40 mètres de haut, comportera une éolienne de 5 kW, à laquelle s’ajouteront environ 10 kVA de photovoltaïque au pied de la tour, le tout soutenu par des batteries », précise Laurent Grimaud. Cette approche multisource permet d’utiliser au mieux les différentes conditions météorologiques et de se passer d’un groupe électrogène.« Nous avons aussi développé des systèmes hybrides, solaires et batteries, qui permettent de s’adapter à des tours existantes, ajoute Laurent Grimaud. Nous pouvons, ainsi, proposer des solutions durables à toutes les entreprises qui exploitent des tours de téléphonie mobile, quels que soient leurs équipements. » Et pour les séduire, Wind-It a veillé au coût. « La structure de notre tour, ainsi que sa fondation en trépied qui nécessite un ancrage en béton moins important que les pylônes classiques, rendent la tour sans les éoliennes concurrentielle par rapport aux produits indiens ou chinois », assure Laurent Grimaud. Les solutions énergétiques proposées en plus ont un temps de retour sur investissement moyen inférieur à trois ans, dépendant des conditions météorologiques, et « sont donc compétitives par rapport à un générateur au diesel ».Mais au-delà du prix d’achat, les tours Wind-It pourraient présenter un autre avantage : celui d’ouvrir la porte à l’électrification rurale. En effet, la production dépasse par moments la consommation de la tour et il est envisageable d’en profiter pour alimenter un miniréseau local. Wind-It pense même aller plus loin et s’inscrire à long terme comme fournisseur d’énergie à partir de solutions décentralisées. « En utilisant notre tour de télécommunication bien sûr, mais aussi d’autres technologies, note Laurent Grimaud. Car nous sommes convaincus qu’un nouveau marché de ce type va émerger. » La start-up recherche d’ailleurs actuellement des partenaires pour mettre en place la commercialisation et l’exploitation de telles unités. En attendant, un nouveau prototype sera installé en France en septembre afin de poursuivre les expérimentations.Nolwenn Le Jannic