Créer une aire de covoiturage ne relève de la compétence d'aucun acteur en par-ticulier, même si, de fait, les départements ont souvent pris le pilotage de ce mode de déplacement surtout pratiqué en milieu rural et périurbain. Mais nombre d'aires relèvent de la « génération spontanée ». « Il ne faut pas la balayer d'un revers de main, pour une simple question de bon sens : si plusieurs usagers ont identifié tel endroit pour se regrouper, c'est qu'il répond à une demande », rappelle Tristan Roussel, fondateur de la Fédération du covoiturage (Feduco). Une politique d'implantation pertinente commence donc d'abord par le recensement des pratiques – les mairies et les services d'entretien des routes sont de bons informateurs – afin d'identifier les aires dites « sauvages ». Aux pouvoirs publics ensuite de les aménager et surtout de les sécuriser : stabiliser la chaussée, éclairer, si possible organiser une entrée-sortie et créer un sens de circulation, voire déplacer l'aire en cas de trop grande proximité avec des habitations, comme le Finistère l'a fait.
Faut-il un décor paysager ? Pour-quoi pas, mais a minima. « L'usager demande avant tout une aire dégagée, bien visible de la route, facile d'accès afin de la rejoindre en toute sécurité », rappelle Chantal Simon-Guillou, première vice-présidente du conseil général du Finistère. Dans une fiche conseils, le département de Loire-Atlantique suggère d'éviter talus et haies masquants. Pour créer une nouvelle aire, des lieux s'imposent naturellement : intersection de routes fréquentées, proxi-mité de giratoire, aire de repos près d'un échangeur… Autres hypothèses : le gym-nase ou la salle des fêtes de la commune, le point d'information d'une zone d'ac-tivité. L'implantation à côté d'un arrêt de transports en commun ne s'impose pas. La Gironde l'a développée, consta-tant une combinaison bus + covoiturage sur certains trajets. « Des aires devien-nent de fait un parking-relais », souligne Christine Bost, vice-présidente transports du conseil général.
La question du nombre de places est centrale. Si la moyenne se situe sou-vent entre 20 et 30, elle cache de fortes variations : de 15 à 100 places dans le Finistère, de 12 à 50 dans le Bas-Rhin, qui recommande de surdimensionner pour éviter la saturation rapide. « Quand on reprend une aire, on peut aisément prévoir 2,5 fois plus de places que la fréquentation constatée au départ. La nouveauté ou le réaménagement créent un appel d'air », estime Guillaume Bihet, chargé du voitu-rage au conseil général. Selon les collecti-vités interrogées, l'investissement se situe entre 1 500 et 2 000 euros la place pour un aménagement complet, mais simple. Elles le financent sans faire payer l'usager : « L'esprit, c'est une aire gratuite et sans barrière », insiste Tristan Roussel.
Les départements ont pris en main deux volets jugés indispensables : la signalé-tique pour davantage de visibilité et de cohérence d'une aire à l'autre ; la commu-ni ca tion sur internet par la création de sites ou de rubriques de sites, qui ren-seignent sur l'ensemble des aires du ter-ritoire et leur capacité. Informer en temps réel sur les places disponibles serait l'idéal, encore compliqué techniquement. l