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POLITIQUES

[Tribune] Quand la protection de l’environnement se retourne contre la protection de l’environnement 

PUBLIÉ LE 7 JANVIER 2019
ELVIRE REGNIER-LUSSIER, DIRECTRICE DES ACHATS DU GROUPE AVRIL
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[Tribune] Quand la protection de l’environnement se retourne contre la protection de l’environnement 
Cette semaine, la directrice des achats du groupe Avril, Elvire Regnier-Lussier, revient sur le mouvement des gilets jaunes. Pour elle, ce mouvement "restera sans doute dans l’histoire du réchauffement climatique comme l’un des premiers événements sociaux français de grande violence directement lié au dérèglement du climat​".

Le ras le bol contre les taxes, notamment énergétiques, manifesté ces dernières semaines via le mouvement des « gilets jaunes » restera sans doute dans l’histoire du réchauffement climatique comme l’un des premiers événements sociaux français de grande violence directement lié au dérèglement du climat. La sommation de choisir entre fin de mois et fin du monde, entre un pouvoir d’achat immédiat plutôt qu’une écologie de long terme et, en filigrane, l’accusation de pêché d’égoïsme, tout cela est trop facile !

Qui peut accuser les femmes et les hommes qui protestent dans la rue de ne pas se préoccuper de l’avenir de leurs enfants et donc de la planète ? Encore faudrait-il qu’ils soient convaincus qu’une énième taxe – pétrole, carbone… – serve effectivement cet intérêt de long terme et ne dévoie finalement pas son objet pour boucher les trous de nos finances publiques. Et s’ils n’en sont pas convaincus, c’est sans doute qu’ils sont arrivés à la conclusion que la protection de l’environnement est devenue un argument pour faire vendre plus de biens et de services, alors que la raison majeure du dérèglement climatique est la surconsommation des pays industrialisés et le désir irrépressible et bien légitime du reste du monde d’en profiter enfin à son tour ! Quand les effets catastrophiques du réchauffement climatique sont utilisés par les marques comme argument de vente, lorsque ces marques communiquent sur le fait qu’en achetant leurs produits, les consommateurs contribuent à limiter les émissions de CO2, cela ne peut que troubler un Grand Public informé et éduqué / qui n’est dénué ni de bon sens, ni d’esprit critique.

Plus de produits vendus, même à émissions de carbone stabilisées, cela veut dire plus d’emballage, plus de plastique aussi, alors que la filière du recyclage est encore balbutiante. Que peut-on recycler, que ne peut-on pas ? Qui le sait ? Verre fin ou épais, bois, métal, plastiques de quelle nature ? La réponse varie d’une personne à une autre. Pire, elle varie aussi d’un expert à l’autre et surtout d’un lieu à un autre car les normes de recyclage et les capacités des sites de retraitement ne sont pas homogènes. Tout comme les couleurs des poubelles d’ailleurs. Et le grand public, qui a accepté, souvent sous la pression de ses enfants, de trier en amont lui-même, tout en payant de nouvelles taxes sur le retraitement des ordures ménagères, découvre peu à peu que cela ne sert quasiment à rien, le contenu des bennes vertes se retrouvant très souvent au milieu des bleues, des jaunes ou des grises en fin de parcours…

Sur le sujet du carburant, l’opinion publique peut à juste titre se sentir manipulée à l’heure de la promotion à tout va du véhicule électrique alors que les batteries sont produites à partir de minéraux rares dont l’extraction produit des effets désastreux, soumises à un recyclage qui reste à inventer, fonctionnant avec un « carburant » provenant du nucléaire… dont on ne sait toujours pas traiter les déchets. Tout cela aboutit à un sentiment général de rideau de fumée, de manipulation derrière les beaux discours « made in COP201X » et, in fine, d’efforts demandés, là encore, aux consommateurs-contribuables que nous sommes. Prenons garde à ce que les gilets jaunes ne deviennent pas aussi des gilets verts. Des gilets verts qui seront en droit de réclamer également des comptes sur l’engagement des Etats vers une véritable révolution écologique dont personne ne nie l’impérieuse nécessité mais dont les mécanismes de financement méritent d’être revus et mieux partagés.
Elvire Regnier-Lussier, directrice des achats du groupe Avril
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