Le ras le bol contre les taxes, notamment énergétiques, manifesté ces dernières semaines via le mouvement des « gilets jaunes » restera sans doute dans l’histoire du réchauffement climatique comme l’un des premiers événements sociaux français de grande violence directement lié au dérèglement du climat. La sommation de choisir entre fin de mois et fin du monde, entre un pouvoir d’achat immédiat plutôt qu’une écologie de long terme et, en filigrane, l’accusation de pêché d’égoïsme, tout cela est trop facile !
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Plus de produits vendus, même à émissions de carbone stabilisées, cela veut dire plus d’emballage, plus de plastique aussi, alors que la filière du recyclage est encore balbutiante. Que peut-on recycler, que ne peut-on pas ? Qui le sait ? Verre fin ou épais, bois, métal, plastiques de quelle nature ? La réponse varie d’une personne à une autre. Pire, elle varie aussi d’un expert à l’autre et surtout d’un lieu à un autre car les normes de recyclage et les capacités des sites de retraitement ne sont pas homogènes. Tout comme les couleurs des poubelles d’ailleurs. Et le grand public, qui a accepté, souvent sous la pression de ses enfants, de trier en amont lui-même, tout en payant de nouvelles taxes sur le retraitement des ordures ménagères, découvre peu à peu que cela ne sert quasiment à rien, le contenu des bennes vertes se retrouvant très souvent au milieu des bleues, des jaunes ou des grises en fin de parcours…
Sur le sujet du carburant, l’opinion publique peut à juste titre se sentir manipulée à l’heure de la promotion à tout va du véhicule électrique alors que les batteries sont produites à partir de minéraux rares dont l’extraction produit des effets désastreux, soumises à un recyclage qui reste à inventer, fonctionnant avec un « carburant » provenant du nucléaire… dont on ne sait toujours pas traiter les déchets. Tout cela aboutit à un sentiment général de rideau de fumée, de manipulation derrière les beaux discours « made in COP201X » et, in fine, d’efforts demandés, là encore, aux consommateurs-contribuables que nous sommes. Prenons garde à ce que les gilets jaunes ne deviennent pas aussi des gilets verts. Des gilets verts qui seront en droit de réclamer également des comptes sur l’engagement des Etats vers une véritable révolution écologique dont personne ne nie l’impérieuse nécessité mais dont les mécanismes de financement méritent d’être revus et mieux partagés.