Sur un ancien site industriel de la région grenobloise (38), Soléo Services a mis en oeuvre une solution de dépollution innovante : la réduction chimique in situ associée à un malaxage du sol. Sur ce site, les études ont mis en évidence une zone source polluée par du trichloréthylène (TCE) à des concentrations de l'ordre de 2 g/l, ce qui indique la présence du solvant pur. Cette zone source se prolonge par un panache contenant du TCE et des molécules toxiques issues de sa dégradation, comme du dichloroéthylène et du chlorure de vinyle. « Moins économique qu'un traitement in situ classique, la réduction chimique associée au malaxage du sol est la seule efficace sur de telles concentrations en solvants chlorés », précise Christophe Chêne, directeur technique de Soléo Services. « Sa seule concurrente, en termes de coût et de temps de traitement, est l'excavation et l'élimination hors site. »
La solution retenue par Soléo présente aussi d'autres avantages. Tout d'abord, sur le site isérois, il était nécessaire de traiter jusqu'à 8 mètres de profondeur pour atteindre les solvants chlorés. « En excavation, il aurait été techniquement difficile et plus coûteux de descendre à une telle profondeur », note Christophe Chêne. Ensuite, la technique est compatible avec un traitement biologique du panache, ce qui n'est pas toujours le cas des traitements chimiques. Sans oublier que cette solution n'entraîne aucun dégazage de polluants en surface et peut être mise en oeuvre dans des zones exiguës, en milieu urbain et sur un site en activité. Petit bémol cependant, en raison du malaxage, elle déstructure le sol et entraîne une perte de portance.
Le principe du traitement ? Le malaxage, réalisé à l'aide d'une tarière conçue pour creuser le sol et injecter simultanément le réactif, optimise la mise en contact du réactif et du polluant. La solution réactive utilisée et mise au point par Soléo est une solution de fer zéro valent (Fe0) nanoparticulaire. Grâce à une unité mobile, cette solution est synthétisée directement sur le chantier. Dans le sol, sous l'effet du Fe0, les molécules d'hydrogène de l'eau se substituent aux atomes de chlore. À noter que cette réaction de déchloration ne produit pas de sous-produits toxiques. Les produits finaux sont principalement de l'éthène, des ions chlorures et des résidus, des oxydes de fer. « Les tests d'écotoxicité ont montré que le traitement n'est pas néfaste pour le milieu. Il améliore même les conditions d'écotoxicité », ajoute Christophe Chêne.
La réalisation de 300 passes de malaxage a permis de traiter 1 050 m3 en trois semaines. L'abattement des concentrations en TCE et sous-produits dans les eaux souterraines a atteint 99,9 % après un mois de traitement. Et, depuis presque un an, le suivi de la qualité des eaux réalisé dans un piézomètre de contrôle montre des concentrations qui restent basses et stables. « La réduction chimique in situ associée à un malaxage du sol se montre efficace en termes de niveaux de garantie et de durée d'intervention, comme l'excavation », souligne Christophe Chêne. Depuis août 2010, la dépollution du site se poursuit par le traitement du panache par biostimulation anaérobie. Et parallèlement, Soléo Services cherche à développer cette technique pour d'autres pollutions, tels les pesticides, les PCB et d'autres métaux lourds.