Senlis (60) et Honfleur (14) en sont au galop d'essai. Hazebrouck (59), Vendargues (34), Lyon (69) ou Saint-André-les-Vergers (10) l'ont adopté : le cheval revient dans nos villes à allure soutenue. « Depuis que nous avons lancé le mouvement, il y a onze ans, avec la collecte du verre dans les restaurants, je n'ai jamais vu une telle accélération, se réjouit Olivier Linot, DGS de Trouville-sur-Mer (14). Les quelque deux cent cinquante communes qui les utilisent pour la collecte des déchets, le plus souvent, mais aussi pour l'entretien des espaces verts ou le ramassage scolaire, ont d'ailleurs du mal à recruter des professionnels formés. » Car mener un cheval en milieu urbain ne s'improvise pas ! Pour mettre le pied des futurs cavaliers à l'étrier, les Haras du Pin et la Commission nationale de développement des chevaux territoriaux qu'Olivier Linot préside ont créé une nouvelle formation de meneur de chevaux territoriaux.
Les neuf membres de la première promotion achèvent leur stage ce mois-ci à... Trouville. Un deuxième équipage sillonne d'ailleurs depuis janvier les rues de la cité côtière. Il est mené par Fabrice Vanderschooten, cocher bourlingueur qui a mis ses trois percherons à la disposition de la municipalité. « J'anime une équipe de trois personnes. Nous collectons le tout-venant et le carton en centre-ville en alternant les rôles de meneurs et de ripeurs. Un roulement est de même établi pour la nourriture des animaux ou les gardes du week-end. Sortir le fumier des boxes chaque matin, travailler dehors, le métier est dur, mais valorisant. Et puis les vingt minutes nécessaires pour rallier le centre-ville, c'est de la ballade », fanfaronne l'ancien cavalier-voltigeur de 47 ans, qui fut également éducateur de rue, organisateur de festivals et vendeur de crêpes bio en roulotte.
Économique et écologique, la collecte hippomobile ne prête plus à sourire. Pour preuve, les très sérieux Veolia Propreté, Sita (Suez Environnement) et Coved (groupe Saur) proposent désormais de telles prestations. Cavalière depuis toujours et ancienne technicienne en traitement de l'eau, Joséphine Robin travaille depuis deux ans pour Hippo-Ecolo Services, sous-traitant de Sita. La PME l'a formée aux particularités du métier. « La technique n'est pas tout. Il faut connaître les chevaux, anticiper leurs réactions en ville. Cela ne s'apprend pas dans des livres. Le métier demande autonomie et rigueur, mais aussi sens du relationnel que ce soit envers les ripeurs, qui ne regrettent pas le camion-benne, ou les habitants, qui nous attendent, viennent nous parler, caressent les chevaux... », témoigne la jeune femme. Un effet social qui, de l'avis général, retentit positivement sur la qualité du tri. Hippo-Ecolo Services avance même un chiffre de 15 %.