CONNEXION
Valider
Mot de passe oublié ?
Accueil > Actualités > Recyclage > Le fini-parti fait de la résistance
RECYCLAGE

Le fini-parti fait de la résistance

PUBLIÉ LE 1er MAI 2012
LA RÉDACTION
Archiver cet article
Toute l'information de cette rubrique est dans : Environnement Magazine
Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement.
Le fini-parti est une pratique ancienne, propre à la collecte des déchets, qui autorise les agents à terminer leur journée dès la tournée achevée et non en fonction d'un cadre horaire fixe. Ce système pousse les éboueurs à des comportements à risques : sauter des marchepieds, courir pour récupérer les bacs, se ruer sur les conteneurs suivants... Conséquences : un travail souvent bâclé, des saletés autour des bacs, de la casse de matériel, le non-respect de la limitation de vitesse des bennes et, surtout, une source d'accidents et de maladies professionnelles chez les agents. Le fini-parti a été pointé du doigt dans des rapports de la Cour des comptes. Le texte de référence en matière de sécurité de la collecte, la recommandation R347 de la CnamTS, préconise sa suppression. Pour les grandes entreprises de collecte, cette pratique semble relever de l'histoire ancienne. Mais quelques services, notamment certaines grandes régies communautaires, peinent à y mettre fin. Toute la difficulté réside dans le fait que les agents considèrent cette pratique comme un acquis social. Les collectivités ayant pris à bras-le-corps ce sujet difficile ne sont pas légion. C'est le cas du Grand Chalon, qui a supprimé le fini-parti il y a environ dix ans, au moment de la prise de la compétence de la collecte des déchets par l'agglomération, en s'appuyant sur le thème de la sécurité. La communauté urbaine de Bordeaux y réfléchit. En janvier, Marseille Provence Métropole a annoncé la limitation de ce principe, et sa disparition à terme, à la suite du rapport de la commission propreté chargée d'étudier les pistes d'amélioration de la collecte des déchets dans l'agglomération. « Il y a eu une dérive progressive qui a conduit à ce que ce privilège se transforme en un temps de travail insuffisant », a dénoncé la commission. Marseille Provence Métropole a donc inscrit dans ses projets un rallongement des tournées de trois ou quatre heures, avec un rééquilibrage de la charge de travail. Il est également question d'un basculement vers des collectes de nuit sur certains quartiers. Côté matériel, les bennes seront équipées de GPS et d'outils de suivi. Le contrôle du travail par les agents de maîtrise sera renforcé... « Nous menons une réflexion assez large sur nos façons de collecter pour résoudre différents dysfonctionnements et éliminer les tournées de "repasse" », indique Jean-Marc Mertz, directeur général adjoint des services urbains de proximité. L'objectif est d'aller, progressivement, vers plus de contrôle de la qualité et plus de temps de travail, en trouvant un juste équilibre entre les nécessités du service et le temps d'exécution pour les agents. « Cela fait l'objet d'une concertation avec les organisations syndicales et les partenaires sociaux. Des efforts seront demandés, aussi, à la population », ajoute Jean-Marc Mertz. Reste à savoir, sur ce projet qui relève, pour l'instant, de la déclaration d'intention, quelle sera la réponse des agents lors de sa concrétisation. Car leur réaction peut être radicale. Les agents de la régie des déchets du Grand Lyon se sont ainsi mis en grève, en mars, pour s'opposer à une nouvelle répartition géographique du territoire entre régie et secteur privé. Le principe du fini-parti n'est pas, à proprement parler, remis en cause dans ce projet. Mais la question du temps de travail en constitue la toile de fond. L'un des objectifs du Grand Lyon, avec une nouvelle organisation recentrant les agents communautaires sur les communes périphériques, est de répondre à leur demande de disposer d'un samedi non travaillé sur deux. Mais la réorganisation entraînera des tournées plus longues : en vertu du système du fini-parti, les agents en poste sur Lyon et Villeurbanne pouvaient, en effet, quitter le travail aux environs de 8 heures, alors que les tournées en périphérie s'achèveront plutôt vers 11 h 30 du fait des distances à parcourir. Sur le territoire de Nantes Métropole, la réorganisation des collectes a également provoqué des tensions en début d'année. Là encore, sans que la collectivité affiche la volonté de mettre fin au fini-parti, le temps de travail des agents et l'heure de débauche sont apparus comme la question centrale. Finalement, l'opération la plus réussie en la matière est celle de Perpignan Méditerranée. La clé de ce succès : une démarche coconstruite avec les agents, sur la base d'une charte de partenariat pour la mise en oeuvre de la recommandation R437 de la Cnam. L'abolition du fini-parti a fait l'objet d'une phase de tests pendant un an sur un des bassins de collecte. Les bénéfices physiques ressentis par les agents ont été extrêmement convaincants, ce qui a permis la généralisation des horaires fixes, après réorganisation des collectes. « L'un des enjeux était l'utilisation systématique des lève-conteneurs, car pour aller plus vite, les agents ne les utilisaient pas. Les circuits ont donc été recalibrés pour être réalisés, dans le temps imparti, en utilisant les lève-conteneurs », explique Nathalie Privat, chef du service prévention, hygiène et sécurité. D'autres initiatives ont accompagné ces changements : réduction de la fréquence de collecte sur certaines communes, distribution de composteurs, développement du parc de conteneurs pour les recyclables, contrat avec l'Ademe pour la prévention des déchets... « Nous avons lié tous nos enjeux et les agents en ont été les ambassadeurs auprès des usagers », précise Nathalie Privat. La fin du fini-parti s'est donc accompagnée d'une nette amélioration de la qualité du service. La communauté d'agglomération de Niort a également réussi cette mutation. La pratique n'a pas été supprimée, mais les horaires ont été encadrés. « En 2008, le règlement de la collecte a été revu, explique Cyril Baumard, adjoint au directeur de la régie des déchets. Un groupe de travail multi-acteur a formalisé ce document, qui s'est appuyé, entre autres, sur une étude réalisée par un cabinet d'ergonomie auprès des équipes de collecte. » L'étude a mis en évidence que les agents qui voulaient « gagner du temps » étaient « violents » envers eux-mêmes : rythme cardiaque élevé, dépense énergétique équivalente à trois matches de football, non-respect des pauses, gestes inutiles... L'effet sensibilisateur a été assez efficace. « Pour réduire ces risques, mais également pour pouvoir organiser une évacuation en cas d'incendie, prendre en compte un accident de trajet, etc., les horaires ont été encadrés, relate Cyril Baumard. Ainsi, les agents prenant leur service à 5 h 45 ne peuvent plus débaucher avant midi. » En accompagnement, les collectes ont été réorganisées pour revoir la charge de travail, notamment les tournées de ramassage des biodéchets qui, en hiver, pouvaient finir très tôt.
PARTAGEZ
À LIRE ÉGALEMENT
Dossier/2 | Matériaux de réemploi : ces plateformes où offre et demande se rencontrent
Dossier/2 | Matériaux de réemploi : ces plateformes où offre et demande se rencontrent
Cedeo et Cycle Up s'associent pour proposer des WC reconditionnés
Cedeo et Cycle Up s'associent pour proposer des WC reconditionnés
Isoler avec les déchets du quotidien
Isoler avec les déchets du quotidien
Chimirec accueille un nouveau directeur général
Chimirec accueille un nouveau directeur général
Tous les articles Recyclage
L'essentiel de l'actualité de l'environnement
Ne manquez rien de l'actualité de l'environnement !
Inscrivez-vous ou abonnez-vous pour recevoir les newsletters de votre choix dans votre boîte mail
CHOISIR MES NEWSLETTERS