Éco-comptoir de matières abandonnées par l'activité industrielle du bassin lyonnais » : ainsi se dépeint le Frich'Market, jeune association lyonnaise qui collecte, nettoie et reconditionne des rebuts de production et matériaux en fin de vie pour en faire de nouvelles ma tières. Au premier étage d'une ancienne usine textile reconvertie en friche artistique où l'association est hébergée – les locaux sont prêtés par la ville – trouvent place bâches PVC, stickers et cartons épais, tissus et rubans… Ces matériaux seront revendus à prix modiques aux clients adhérents du Frich'Mar-ket (artistes, étudiants, écoles primaires, centres sociaux, MJC, décorateurs, particuliers…) qui leur redonneront vie. Si l'association est née en avril, elle a déjà une longue histoire. Ses deux créateurs, Laure Vial Lenfant, 28 ans, décoratrice écodesign, actuellement salariée dans un atelier de costumière à Paris (elle développe un pôle de costumes réalisés à base de radios médicales, gaines électriques…) et Stéphane Gérard, 35 ans, écodesigner (il fabrique du mobilier à partir d'éléments récupérés) sont d'anciens salariés d'Art Gens, association combinant recyclage, art et sensibilisation du grand public (RR42/2009).
« Suite à d'importantes difficultés financières, Art Gens a dû clore son activité en mars dernier », rappelle Laure, qui pendant plusieurs années fut responsable de la dé ché-thèque. « J'étais chargée de développer les partenariats avec les entreprises, PMI/PME et artisans du bassin lyonnais. » C'est ce pan essentiel de l'activité d'Art Gens que Laure et Stéphane désirent continuer à faire vivre « en s'appuyant sur les liens tissés antérieurement et en en impulsant de nouveaux », explique Laure. Ainsi, vient-elle de concrétiser « un accord, un peu informel », avec Cyclocity, le système de vélos en libre-service développé et commercialisé par JC Decaux. « Nous récupérons les chambres à air, paniers métalliques, rayons et jantes des ve-lo'v, les vélos urbains du Grand Lyon. Ces nouveaux matériaux plaisent bien à nos clients. » Si le fait de se trouver dans une friche artistique est enrichissant, cela complique la logistique (difficultés d'accès). Le site n'est pas destiné à recevoir du public. Seuls les adhérents peuvent être présents aux deux trois journées d'ouverture mensuelles, ce qui ne facilite pas la circulation des matières. Enfin, le manque de place représente un frein sérieux au développement. Frich'Market est donc en quête de locaux plus adaptés « à loyer modéré ou dans le cadre d'un partenariat avec une entreprise ». Laure et Stéphane songent en outre « à différents modèles pour rendre l'activité économiquement viable et pérenne ». Les réflexions portent notamment sur la collecte : « Compte tenu des faibles quantités que nous sommes en capacité de prélever, celle-ci est réalisée gratuitement par nos soins, à domicile », explique Stéphane. À terme, « soit l'apport de la matière se fera en nos locaux, soit la prestation – déplacement, temps de travail, enlèvement – sera facturée, compensation carbone incluse, le tout en restant compétitifs », projette Stéphane.