« Nous voulons changer l'image de misère associée aux métiers des techniciens de réemploi. C'est un travail comme les autres », soutient Estelle Ramonet, res ponsable du pôle métier et formation du Réseau des ressourceries.
Dans l'économie sociale et solidaire, environ 100 000 techniciens de réemploi ou de réutilisation assurent tout ou partie d'un vaste panel de tâches : récep tion, tri, diagnostic, réparation, recyclage, tests de fonctionnement, emballage, vente… sur des produits aussi variés que des articles textiles, des meubles, de l'électroménager ou des téléphones mobiles. En fait, tout dépend de l'entreprise qui les emploie. Si aucun prérequis technique n'est demandé, les compétences (menuisier, électricien par exemple) seront valorisées.
Les opérateurs de réemploi, souvent sans emploi depuis au moins deux ans, sont embauchés dans le cadre d'un contrat à durée déterminée d'insertion (CDDI) de quatre à vingt-quatre mois. « Nous avons une convention avec la direction régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'Emploi (Direccte) sur le nombre de postes qui peuvent être financés », précise Pierre-Luc Machefer, au pôle social et ressources humaines d'Envie. Dans ce réseau, entre 45 et 50 % des employés en CDDI ont entre 31 et 50 ans, et 63 % ont un niveau CAP-BEP.
L'objectif principal est donc le retour à l'em ploi. Avec l'apprentissage des règles du tra vail (présence, horaires, etc.), du travail en équipe et, parfois, de l'outil in for ma tique. Les salariés sont encadrés par une équipe socio-professionnelle spécialisée, qui s'occupe également de préparer le projet professionnel post-insertion. En fonction des structures, la formation est plus ou moins formalisée. Elle prend souvent la forme d'un tutorat avec un encadrant réfé rent. Chez Envie, une demi-journée par semaine de formation, en atelier collectif, est proposée aux salariés qui en ont besoin. Le réseau a également passé une conven tion avec l'Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) sur le métier de technicien de maintenance des appareils électroménagers (TMAE). Le cursus a été adapté à ses salariés, qui peu vent valider un à trois modules.
Si le travail de récupération existe depuis toujours, il a fait son entrée en mars 2012 dans le répertoire opérationnel des métiers et des emplois (Rome) sous le code 2304. Ce n'est pas anodin. Non seule ment cela permet aux agents de Pôle emploi de mieux cibler les profils pour ces emplois, mais également aux salariés de commu niquer plus facilement sur leur expérience. « La compétence-clé à acquérir pour un opérateur, c'est la capacité à comprendre son environnement de travail et à l'expliquer », insiste Pierre-Luc Machefer.
À la fin de leur CDDI, les techniciens de réemploi peuvent travailler dans des PME ou des grands groupes du secteur des déchets, ou dans le secteur public comme chargé de mission prévention. Le taux de retour à l'emploi est supérieur à 50 %. l