L'impression qui se dégage dès l'entrée des bureaux c'est de pénétrer dans la cuisine d'un grand restaurant. L'un est au fourneau, le second à l'accueil et le troisième au service. Peut-être le lieu autrefois réservé à la vigne et au vin a-t-il conservé cette ambiance si particulière. Et ça tourne ! Ici, la chaleur du Sud-Ouest se mêle tout à la fois à cet accent caractéristique et cette grande volubilité. La société Four-ment Recyclage, à la Ville-Dieu-du-Temple, dans le Tarn et Garonne, créée par Christian Fourment en 1980 et exploitée par Jean-François, son fils, n'est pas une première pour cette famille qui œuvre dans la récupération et le recyclage depuis cinq générations. « Mon arrière-grand-père, Jean-Philippe, utilisait une corne de brume pour collecter les peaux de lapin dans la région de Saint Gaudens, le fief des Fourment. » Son père, qui a 85 ans aujourd'hui, était plumassier à Castelsarrasin. Son plus jeune fils, Pascal, a pris le relais sur ce site entièrement consacré à la plume et au duvet. Jean-François ne se destinait pas à ce métier lorsqu'il avait vingt ans. L'accident automobile dont ont été victimes ses parents le contraint à assurer l'intérim au milieu des années 70. De retour aux affaires, le père décide d'ouvrir un chantier dédié aux métaux et de le lui confier. « Maintenant, lui dit-il, tu es là, tu te débrouilles. » Et Jean-François deviendra donc recycleur. Il démarre l'entreprise avec trois ou quatre salariés, puis au début des années 80, acquiert une presse-cisaille, une grue et des camions. Et, en effet, il se débrouille Jean-François. Les achats au détail, les chutes de production de Péchiney Cegedur, les artisans et dans les années 80, les petits récupérateurs du Gers qui ont disparu depuis. Côté ventes, le recycleur fournit des entreprises françaises, mais également espagnoles, italiennes et allemandes. Il ouvre deux autres sites, le premier à Montauban (82), le second à Revel (31). En 1999, la société rejoint le réseau Praxy. Et comme son père avant lui, Jean-François a présidé le syndicat régional de Federec.
Une intégration réussie
Le début des années 2000 marque l'arrivée de ses filles. « Il était hors de question que je travaille avec mon père », se rappelle Hélène. Après un DUT techniques de commercialisation et une première expérience, elle rejoint l'entreprise familiale et entre rapidement dans le monde du recyclage et de la réglementation, désormais associés. Elle se charge de la gestion commerciale et logistique de la partie déchets, Jean-François se réservant les ferrailles. Coralie avait entamé des études de droit, mais finalement elle se décide à rejoindre l'entreprise : « Nous avons toujours vécu dans cette ambiance, les clients, la poussière, le bruit, la ferraille… » Elle débute par la comptabilité, puis devient responsable des achats métaux. « Nous ne sommes pas les filles de… », se plaisent-elles à rappeler. Il est clair que dans ce monde encore majoritairement masculin, leur intégration n'était pas évidente. C'est chose faite pour le grand plaisir du père.