Bétons, briques, sables : Sablonor traite des déchets caractéristiques du Nord
Sur la zone industrielle de Grande-Synthe, située près de Dunkerque (59), la plateforme de Sablonor (groupe indépendant Eudevi) réceptionne « des déblais de démolition de bâtiments : des bétons, ferraillés ou non, et des briques », précise Eric Verbeke, le responsable d'exploitation. Le site traite aussi des déblais de voiries provenant de travaux de terrassement de routes et de tranchées, des graves traitées (mélange de sables et de gravillons) et beaucoup de sable (une spécificité territoriale). En moyenne, cela représente 60 000 tonnes par an, constituées pour moitié de bétons de démolition. Une fois déposés, ces déchets sont triés par nature. Les limons non valorisables issus des déblais de tranchées sont directement envoyés en décharge de classe 3. Les autres produits vont être transformés. « En premier lieu, si nécessaire, le béton est déferrailllé et les ferrailles récupérées sont envoyées chez un recycleur du secteur : Baudelet », détaille Eric Verbeke. Ensuite, les bétons passent dans un concasseur à mâchoires, modèle OM Saturno de Keestrack, « équipé d'un overband en sortie pour un second déferraillage ». Les bétons concassés sont ensuite criblés sur une machine, type Explorer 1800 de Keestrack, à trois étages : « Il en sort des fractions allant de 0 à 30 mm, de 30 à 60 mm et supérieures à 60 mm ». Au niveau du concasseur, un opérateur manuel trie les indésirables : bois, plastiques, etc. Sablonor produit également depuis l'an dernier une grave non traitée (GNT, de 0 à 20 mm et de 0 à 31 mm) qui peut se substituer à la grave traitée pour certaines constructions : parking, trottoir, petites voiries… « Pour la brique, c'est plus simple ! On concasse et on sort une fraction plus grossière, allant de 0 à 80 mm, pas chère, qui servira de remblais ». Quant aux déblais de voirie, ils passent au scalpeur (enlèvement des fines) – encore un outil Keestrack – puis sont envoyés au concasseur où ils suivent le même circuit que les bétons. À noter qu'une autre filiale du groupe, AEI, a développé une activité com-plémentaire de traitement des terrains limoneux sur les chantiers de TP. Elle réalise des prestations sur site à l'aide d'une pelle Volvo équi-pée de godets cribleurs Remu de chez RDS. Une fois traité, le limon est utilisé en remblai de tranchée sous la voirie.
La valorisation des mâchefers : un process maîtrisé
De Yprema à Pizzorno Environnement, de Perrier TP (groupe Colas) à SPL-Matériaux Routiers Franciliens (groupe Eurovia) : en France, une quarantaine de plateformes traitent plus de 2,25 millions de tonnes par an de mâchefers, soit près de 70 % de la production totale. La route constitue de loin le principal débouché pour ces matériaux. Les plateformes traitent de 10 000 à plus de 200 000 tonnes annuelles avec une moyenne de 40 000 tonnes. Elles sont gérées par de grands groupes du BTP ou des déchets mais quelques indépendants résistent encore. Tous le disent : la transformation des mâchefers en produits valorisables en techniques routières n'est pas une mince affaire, d'autant moins qu'à la sortie, les produits ne trouvent pas forcément preneur, y compris lorsqu'ils ont été élaborés dans les règles de l'art. Le processus, encadré, fait appel à différentes étapes : refroidissement (majoritairement par lavage à eau), criblage, extraction des métaux, maturation (pour stabiliser les caractéristiques physicochimiques et anéantir le potentiel polluant), élaboration (le produit est homogénéisé grâce à des techniques de scalpage, concassage, criblage), à l'aide de matériels éprouvés. Les principaux équipementiers sont en capacité de concevoir des unités clé en main destinées au traitement de cette catégorie spécifique. Les techniques sont matures, ce qui n'empêche pas d'importantes avancées. Le bureau d'ingénierie Neo-Eco, près de Lille, a développé, en partenariat avec RMN-PréFerNor (Eiffage), un processus innovant destiné à extraire de la fraction fine inférieure à 6 mm, des métaux ferreux et non-ferreux. L'aluminium, responsable des phénomènes de gonflements lors de l'emploi du mâchefer en technique routière, se trouve ainsi éliminé. Pour les fractions supérieures à 25 mm, Neo-Eco a mis au point une solution novatrice pour isoler les inox des autres non-ferreux.