Sole, truite, turbot, mulet, esturgeon, raie, tout poisson est bon à recycler pour l'entreprise Peau marine, peausserie éco-responsable spécialisée en cuir de poissons. À l'origine de cette initiative, Monique Philip, présidente de Femer, une association de femmes de marins du bassin d'Arcachon (Gironde). Après un voyage en Finlande en 2011 pour acquérir les techniques de tannage sur la peau de saumon, Monique Philip ramène son savoir-faire et se lance avec trois autres associés (dont sa fille Marielle) dans une étude de faisabilité, grâce à un apport personnel de 5 000 euros et diverses aides (fonds européen pour la pêche, fonds social européen et formation de France) d'un montant total d'environ 45 000 euros : « On a trouvé une pisciculture dans les Landes capable de nous fournir 500 tonnes de peaux par an, explique Marielle Philip, chargée du projet. On peut tabler sur au moins 2 000 tonnes dans toute l'Aquitaine. » Une fois écaillées, écharnées, trempées dans un bain tannique 100 % végétal, séchées et assouplies, les peaux de poissons seront vendues à des créateurs pour être transformées en bracelet de montres, en chaussures, en sacs à main, voire en selleries nautique et équestre. Lancée en novembre dernier, Peau marine concentrera dans un premier temps sa collection de peaux en région Aquitaine. Par la suite, l'entreprise girondine ira peut-être faire un tour du côté de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), premier port de pêche français. Pour la commercialisation, l'entreprise, basée à la Teste de Buch, entend « ne pas se brider » et a déjà des contacts avec des acheteurs bretons, méditerranéens et aussi parisiens, où sont concentrés de nombreux créateurs.