Alors que leur utilisation se développe dans l'automobile, les biens d'équipements industriels, les loisirs ou le bâtiment, les matériaux composites renforcés de fibres (verre carbone ou végétales) restent encore peu valorisés. Cette difficulté est liée à la nature infusible des matrices traditionnellement composées de thermodurcissables. L'emploi récent de thermoplastiques dans les composites présente l'avantage principal de leur recyclabilité. Pourtant, la filière n'en est qu'aux balbutiements – aucune filière de valorisation n'existe à ce jour. Au terme de trois ans de recherche, le Centre régional d'innovation et de transfert de technologie (Cetim-Cermat) à Mulhouse associé au Cetim national ont mis au point une technique pour recycler les composites thermoplastiques, appelée Thermosaïc (combinant un procédé thermique à un fractionnement de matières). Rien de révolutionnaire dans ce procédé thermomécanique qui fractionne le matériau avant de le chauffer. « L'idée dans cette opération est de garder la valeur ajoutée du produit en conservant au maximum les fibres longues », explique Olivier Rougnon-Glasson, DG du Certim Cermat. Ainsi sans séparer la matrice de la fibre, la matière est thermopressée pour en refaire des plaques, prêtes à l'emploi pour la chaudronnerie des composites ou le thermoformage. Pour l'instant, ce traitement se concentre sur les chutes de production propres, souples ou rigides. « On observe une réelle demande des industriels qui souhaitent réduire leurs coûts de gestion de déchets et économiser la ressource », constate Olivier Rougnon-Glasson. Validé en laboratoire, le procédé intègre aujourd'hui le projet Ecotreve auquel participent trois industriels : Paprec, le chaudronnier Airepur et le thermoformeur Plastiform. Sans oublier deux laboratoires : ICube à Strasbourg et IS2M à Mulhouse. Le coût total du projet soutenu également par les régions Alsace, Franche-Comté et Bpifrance s'élève à 4 millions d'euros. L'étape au cours des trois prochaines années consistera à expérimenter, puis valider ce procédé à l'échelle d'un pilote pré-industriel installé sur le site du Cetim Cermat. Avant de passer à la phase finale : la création d'une unité industrielle pour démarrer une vraie filière de recyclage et, à terme, intégrer des produits postconsommation.