Le recyclage a-t-il enfin une chance d'être reconnu par tous à sa juste valeur comme une activité économique à part entière, créatrice d'emplois et protectrice des ressources naturelles ?
Les acteurs de la filière en prennent conscience au fil des débats. Ils sont surtout convaincus qu'il ne faudra pas laisser passer les convois du Grand Paris, de la loi sur la transition énergétique, de la COP 21 et des nouveaux eldorados qui font déplacer aujourd'hui le curseur vers le Moyen-Orient et l'Inde. Recyclage Récupération donne dans ce numéro un aperçu des enjeux qui attendent la profession au cours des mois à venir. À travers le projet du Grand Paris, c'est en effet toute une vitrine d'excellence qui s'offre aux secteurs du bâtiment et du recyclage. « Aménager et construire, c'est aussi apprendre à déconstruire », comme l'illustrent les matériels de démolition présentés dans notre dossier technique, à l'occasion d'Intermat. La tâche s'annonce d'envergure, mais sans aucun doute passionnante pour cette filière naissante, tant le défià relever est grand : la valorisation de 60 millions de tonnes de terres excavées et de déchets de chantiers. Recycler 70 % des déchets du BTP d'ici à 2020, ce sera difficile, mais pas impossible à condition d'anticiper dès maintenant ce chantier parisien emblématique.
Également sur les rails, les associations et les fédérations du recyclage entrevoient la future loi sur la transition énergétique comme une aubaine. Oui, mais là encore, une certaine vigilance s'impose. Le volet « déchets » de la loi ne doit pas perdre les points gagnés à mi-parcours grâce à la réduction de la mise en décharge, portée par les uns, et au meilleur encadrement des éco-organismes. Dans la même optique, la Conférence climat de décembre à Paris –-on aura l'occasion d'en reparler d'ici là – doit se préparer dès maintenant. C'est sans aucun doute pour les professionnels de la récupération et du recyclage un rendez-vous à ne pas rater sur le plan médiatique. Le marché des ferrailles s'inscrit dans cette perspective. Modèle en matière de réduction des émissions de CO2, cette filière porte admirablement cette formule qui pourrait devenir un adage : « Le recyclage remplace l'énergie et le capital par la main-d'œuvre. » Enfin, si la Chine cristallise toujours des enthousiasmes et des inquiétudes relatives à sa consommation de matières premières secondaires, des regards avertis commencent à se tourner vers une région jusque-là ignorée. À en croire certains traders, le Moyen-Orient va devenir en moins d'une décennie une nouvelle plateforme pour le négoce des matières, et une passerelle directe jetée vers l'Inde, champ (d'action) de tous les possibles dans le recyclage.
Le second semestre s'annonce bien chargé, mais promet de renouer avec de nouveaux projets d'avenir.