Il y a un an pratiquement jour pour jour, à l'issue de la réactualisation des statistiques européennes sur les déchets municipaux, la Fnade et d'autres structures publiques comme l'Ademe pointaient du doigt les disparités des méthodes de calcul entre États, favorisant les résultats sur le recyclage de certains d'entre eux. En 2015, peu d'évolution sur les chiffres, même si des explications de texte accompagnent certains thèmes : modes de traitement, composition des gisements… (ndlr : encore faut-il prendre le temps d'éplucher les « statistiques expliquées » en anglais pour les découvrir) : « Si la France confirme ses objectifs ambitieux de prévention et de recyclage des déchets, les statistiques européennes publiées cette année par Eurostat raniment des controverses sur les performances du tri et du recyclage en France », déplore la Fnade dans un communiqué. La fédération professionnelle souligne que le manque d'harmonisation des chiffres et des méthodes de calcul conduit à une vision erronée des performances françaises et à fortiori d'autres pays. Alors que les instances européennes ont bien entendu les messages lancés par la France et d'autres États membres sur la nécessité d'harmoniser les données, les résultats tels qu'ils sont publiés aujourd'hui prêtent à confusion. Le cas du zéro déchet mis en décharge peut en effet interpeller. On sait qu'outre-Rhin, cette donnée est mise en avant alors qu'en réalité, les centres de stockage continuent de recevoir des déchets municipaux, qui n'ont plus le statut de déchet aux yeux de la loi allemande car ils sont passés par un prétraitement (de type TMB). On sait aussi que les données les plus fiables concernant le recyclage dans les centres de tri doivent prendre en compte, non pas les flux entrants mais les flux sortants. Recommandation faite par Eurostat dans la collecte de données, mais pas forcément respectée par tous, déplore la Fnade.
Méthode unique
La fédération a demandé plusieurs fois au gouver nement français qu'une seule méthode de calcul soit utilisée en Europe, celle qui utilise le ratio entre les déchets municipaux recyclés et les déchets municipaux produits, tandis qu'à ce jour, les États membres peuvent choisir entre quatre méthodes plus ou moins contraignantes : « Ces statistiques sont des outils auxquels le législateur se réfère pour lancer sa politique de déchets à l'échelle nationale ou européenne. Si les données de base sont erronées, les conséquences peuvent être lourdes en termes d'investissements et d'organisation publique pour un pays qui a déjà fourni beaucoup d'efforts », insiste Isabelle Martin, chargée du dossier à la Fnade. La fédération estime qu'il faudrait suspendre la publication de ces chiffres jusqu'à la refonte de la méthodologie du reporting des États européens. Autre souhait, celui de voir publier à l'échelle européenne d'autres données comme celles sur les déchets d'activité économique, inexistantes à ce jour dans les tablettes d'Eurostat. Vaste chantier qui nécessitera sans doute de remettre à plat et de clarifier une fois pour toutes les méthodes de collecte des données dans chaque pays de l'UE. C.M.