Veolia jette l'éponge. Face aux dysfonctionnements de Biopole, l'unité de trimécanobiologique et de méthanisation d'Angers Loire Agglomération, et aux risques auxquels étaient exposés ses salariés, son exploitant a décidé de ne plus accepter de déchets. Elle en traitait 58 000 tonnes par an. « Nous avons pris cette décision après la tenue extraordinaire d'un comité d'hygiène et l'alerte de la médecine du travail », explique Franck Arlen, directeur régional Centre-Ouest de Veolia Recyclage et Valorisation et président de l'exploitant délégataire Geval. Pour l'instant, les ordures ménagères résiduelles de l'agglomération sont détournées vers un centre d'enfouissement à 80 km de là. « Sur les six personnes travaillant dans la zone sensible, la médecine du travail en a mis quatre en incapacité », indique Franck Arlen. En cause ? Une trop forte concentration en ammoniac dans toute la zone de traitement des digestats, qui oblige le personnel à porter des masques à cartouches. Or, cette situation ne doit rien au hasard. La mise en service industrielle de l'unité à 60 millions d'euros, pilotée par son constructeur Vinci, aurait dû s'achever en février 2012 après deux mois de bon fonctionnement. « Mais Biopole n'a jamais tourné en régime normal. En juillet 2014, le rapport d'expertise judiciaire reconnaissait des dysfonctionnements majeurs », poursuit Franck Arlen. Des travaux sont nécessaires pour fiabiliser le transport des déchets et assurer la qualité de l'air dans l'usine, mais la Métropole et Vinci n'ont pas réussi à s'entendre sur leur financement. L'arrêt de l'installation se traduirait, pour Veolia, par une perte nette annuelle de 2,5 millions d'euros. L'agglomération a attaqué Vinci en justice, puis l'a mis en demeure d'exécuter les travaux avant juin. De son côté, Vinci a demandé la réception judiciaire de l'unité. L'imbroglio juridique n'est pas près d'être dénoué.