Passer par les ports d'Anvers ou de Rotterdam pour acheminer des marchandises en Rhône-Alpes par la route… Aberration environnementale, mais réalité économique… Officiellement née le 21 janvier 2015 après trois années de préfiguration, sous l'égide de Jean-François Carenco alors préfet coordonnateur de bassin Rhône-Méditerranée, la toute jeune agence de développement Medlink Ports monte actuellement en puissance et tente de renverser la vapeur. Son combat : faire revenir conteneurs, colis lourds, bois, déchets, etc. sur l'axe fluvial à grand ga barit Rhône-Saône. Sa force : l'union des onze ports fluviaux et maritimes du bassin (de Pagny, en Côte-d'Or, à Marseille), de Voies navigables de France et de la Compagnie nationale du Rhône. Ses armes : un guichet unique, du conseil logistique gratuit, un dispositif de labellisation des chargeurs, des procédures douanières avantageuses ou encore un « écocalculateur CO 2 voie d'eau » en ligne. « Avec ses conflits sociaux à répétition, le port de Marseille a tourné le dos à son arrière-pays naturel. Et toute la région Rhône-Alpes s'est tournée vers les ports du Nord. Dans les années 2000, Anvers était ainsi le premier port d'approvisionnement régional… Depuis la réforme portuaire de 2008, la situation s'est améliorée à Marseille, mais les préju-gés sont tenaces », regrette Noël Comte, président de Medlink Ports et de la CCI de Villefranche et du Beaujolais. L'homme aux multiples casquettes, également P-DG de Sotradel Logistique, a un objectif en tête : réussir à convaincre un maximum de transporteurs et d'industriels de l'intérêt d'un report modal vers le fluvial ou le flu-vio-maritime. « Aujourd'hui, les prestataires logistiques ne pensent même pas à interroger le fluvial. Coûts, délais, itinéraire, impact carbone, notre calculateur leur permet de prendre une décision objective », explique-t-il. Depuis les locaux de l'association installée dans le port Édouard-Herriot de Lyon, un conseiller logistique expérimenté apporte, en plus, des conseils gratuits aux chargeurs. Même si tous les flux sont bons à prendre, l'agence s'est fixé des priorités : biomasse et colis lourds en 2015, puis bois et déchets en logistique inverse en 2016. « Il faut laisser le temps aux industriels de travailler ensemble sur des projets de cochargement », décrypte Noël Comte. Pour le moment, les retours semblent positifs. Treize premiers chargeurs (Adisseo, groupe Seb, Michelin, Solvay, Bayer…) ont reçu le label Medlink récompensant leurs pratiques de report modal, notamment par des jours de stockage gratuits, trois à cinq selon les ports. La filière bois s'est, de même, jetée à l'eau : « Le port de Villefranche-sur-Saône bénéficie d'une importante capacité de stockage du bois car les professionnels du secteur, dispersés, ont réussi à s'organiser », illustre le président de Medlink Ports. « Cela demande de l'organisation car il faut massifier les volumes à l'avance, mais le port de Villefranche montre un grand professionnalisme. Il n'y a pas de mauvaises surprises », vante Sébastien Dusarp, gérant du commissionnaire en transports D2B Shipping qui exporte vers le Maghreb. l