RR : Pour quelles raisons le syndicat a-t-il été créé ? Nathalie Debaille Sidos : Le sujet du recyclage était régulièrement évoqué et un certain nombre d'entrepreneurs le pratiquaient déjà. Ils ont donc décidé en 2009 de créer une structure. C'est un vrai métier en cours de professionnalisation. Il est apparu nécessaire de travailler sur cette question et de constituer un syndicat dédié aux déchets du BTP encouragés par la transposition de la directive-cadre et son objectif de valoriser 70 % des déchets du BTP d'ici à 2020. Il s'agit également de créer une alternative aux sites illégaux et aux prestataires génériques qui n'ont pas forcément les services personnalisés à tous les types de chantier.
Le syndicat regroupe des acteurs du bâtiment et des travaux publics, des dé-constructeurs, des recycleurs des déchets du BTP. Il compte actuellement 90 adhérents, principalement des TPE et PME, réparties sur l'ensemble du territoire. Ces entreprises emploient quelque 1 600 salariés. Depuis un an, des entreprises de plus grande taille nous rejoignent dans l'optique de l'économie circulaire. C'est le cas, par exemple, du groupe Vicat qui est à la fois producteur et consommateur de déchets. Quatre grandes activités caractérisent notre secteur, la collecte des déchets, le tri et la valorisation des déchets non dangereux, des déchets inertes, le stockage des inertes non valorisables.
RR : Un syndicat indépendant des autres structures existantes sur le recyclage était indispensable ?
N. D. S. : Les initiateurs estimaient que la dimension déchets du BTP n'était pas suffisamment prise en compte par les autres organisations professionnelles. L'objectif du syndicat est véritablement de favoriser le développement, la professionnalisation et la pérennité de cette filière du point de vue technique et économique.
Faire par tager les expériences des uns et des autres, mutualiser les bonnes pratiques et promouvoir les petites entreprises actives dans les territoires sur ce sujet. Une vraie volonté d'être reconnus comme des experts sur la question et, avec la sortie du statut de déchets, de devenir des industriels et des fabricants de matériaux.
RR : Au regard du gisement hexagonal, la tâche est d'importance…
N. D. S. : Nous avons un chargé de mission technique qui se déplace sur le territoire, d'une part, pour accroître le nombre d'adhérents, rencontrer l'entreprise candidate, s'assurer qu'elle est en règle, d'autre part pour voir quels sont les problèmes, comment développer l'acti-vité des entreprises. Notre objectif est de les aider à se professionnaliser. Nous sommes également au plus près des producteurs de déchets.
Les entreprises confrontées aux freins des politiques locaux trouvent difficilement des terrains. Nous avons des adhérents très volontaires et réactifs qui ne parviennent pas à se déployer alors que, sur place, le gisement existe. Notre syndicat insiste auprès des ministères sur ce point et pour que dans les PLU (plans locaux d'urbanisme) un pourcentage soit réservé aux installations de gestion des déchets. Nous comptons beaucoup sur les plans de prévention et de gestion des déchets dans les territoires. Fixer un objectif est insuffisant, comment faire en l'absence d'espace ? Nous insistons très lourdement sur cet aspect.
RR : Votre syndicat a pris position en faveur de la sortie du statut de déchets
N. D. S. : Yprema a été à l'initiative de la demande pour son site de Massy. Puis, l'organisation professionnelle devait s'emparer du sujet pour les inertes, ce qu'elle a fait. L'arrêté est en bonne voie et devrait être publié en septembre.
Nous travaillons à la rédaction d'un référentiel qualité (métier) pour les recycleurs du BTP avec les critères indispensables au dossier de la sortie du statut de déchets. Un référentiel qualité tel que ISO 9001 ou autres est indispensable. Nous allons éga-lement mettre en place des indicateurs de performance de l'entreprise. Il faut parvenir à ce que ces matériaux soient utilisés comme des matériaux naturels.
RR : Travaillez-vous avec d'autres organisations professionnelles ?
N. D. S. : Nous allons travailler plus étroitement avec la branche déchets de chantiers de Federec qui constitue un groupe de travail.
Nous travaillons actuellement avec le SNED (Syndicat de la déconstruction) et le pôle bois de la FFB sur une étude de caractérisation du bois de classe B dans le cadre d'un appel à projets de l'Ademe. Cette filière n'est actuellement pas stable, des gisements importants ne sont pas valorisés. L'objectif est de trouver des axes de valorisation pérennes et multiples.
RR : Des projets en cours ?
N. D. S. : Saint Gobain sou-haite incorporer des sables et des granulats dans ses produits. Rockwool est à la recherche d'un exutoire pour la laine de roche des panneaux isolants déconstruits. L'un de nos adhérents, Nantet Locabennes, travaille sur le recyclage des membranes d'étanchéité. Nous avançons au fur et à mesure avec les questionnements des uns et des autres sur de nouveaux débouchés pour les matériaux inertes et les déchets non dangereux.