Cela n'était une surprise pour personne. Après deux mandats bien remplis, Pierre Marandon a choisi de passer le relais. Après un vote le 11 juin der-nier, l'assemblée a désigné Albert Azoubel comme nouveau président de Federec Paris. Celui-ci termine en septembre son mandat à la tête de Federec plastiques qui réélira donc un nouveau président de branche. Cette fin de mandat donne l'occasion à Pierre Marandon, qui devient président d'honneur, de dresser un constat et d'encourager la profession face aux futurs enjeux. Il laisse à Albert Azoubel un syndicat régional en bonne santé financière qui tire la fédération vers le haut. Les enjeux pour Federec Paris sont par conséquent de taille. Paradoxalement, une baisse des cotisations entrantes est observée. Une mobilisation des troupes s'impose. Pierre Marandon a par ailleurs salué le travail d'une profession ancienne qui a su s'adapter au fil des crises et des périodes plus fastes. Toutefois, une vigilance plus accrue reste de mise : « de par la représentativité de Federec (50 % des entreprises et 85 % des volumes du secteur), on pourrait croire que notre voix, nos prises de position, nos avis sont aujourd'hui entendus, appréciés et retenus par les décideurs. Il n'en est rien. Jamais rien d'acquis malgré notre grande expérience professionnelle » ajoute-t-il. Et de déplorer toute l'attention économique et politique portée aux déchets ménagers, au détriment des déchets industriels, bien plus nombreux en quantité et en valeur ajoutée. Pierre Marandon a également insisté sur la nécessité d'un changement de mentalité : « De nature discrète et indépendante, notre profession doit jouer la carte de l'économie collaborative, en évoluant avec le redécoupage territorial mais aussi avec d'autres acteurs comme ceux de l'ESS. » Autre conseil donné par celui qui a pratiqué Federec et le métier du recyclage pendant quarante ans : être plus présent et plus visible sur le terrain. « Il ne faut pas hésiter à communiquer sur notre métier localement auprès des élus, des préfets mais aussi des forces de police », ajoute Jean-Philippe Carpentier, président de la fédération, à propos des vols de métaux subis par les professionnels.
Confédération dans les tuyaux
Federec doit faire des effor ts de communication. Les adhé rents doivent plus que jamais s'impliquer au-delà de la simple cotisation à leur fédération. Les moyens doivent aussi aller de pair, pour ne pas se laisser manger la laine sur le dos, ajoute Jean-Philippe Carpentier. « Pour porter notre voix auprès des pouvoirs publics, nous devons nous agrandir. Un projet de rapprochement avec la Fnade est à l'étude. L'idée est de pouvoir défendre ensemble des thématiques qui nous tiennent à cœur, sans pour autant perdre notre indépendance. » Autre cheval de bataille : faire disparaître l'achat en espèces des métaux en Europe. À ce jour, seuls la France et le Royaume-Uni respectent l'interdiction du paiement cash au détail, contrairement aux pays limitrophes qui ne l'ont pas intégrée dans leur réglementation. En outre, la Belgique aurait même reçu l'autorisation de relever son seuil de paiement cash, passant de 3 000 à 7 000 euros. Enfin, la priorité pour Federec, dans le contexte de la COP 21, est de faire accepter par les pouvoirs publics l'idée d'une prime de compensation carbone à hauteur de 120 euros/t. Les matières recyclées (verre, ferrailles, plastiques, papiers) contribuent activement à la réduction de l'empreinte carbone dans l'industrie. Les ministères de l'Écologie et de l'Économie ont donné leur feu vert et l'Ademe aurait débloqué un fonds de 90 millions d'euros pour la mettre en œuvre. « Nous resterons vigilants pour conserver la paternité de cette prime, car il y a toujours un risque de cannibalisation des industriels utilisateurs finaux, mettant en avant leur consommation vertueuse de matières recyclées » insiste Jean-Philippe Carpentier. C.M.