U ne bonne saison est une saison soigneusement préparée. Lorsqu'il s'agit d'organiser la collecte en période touristique, tout se concocte à l'avance. Cela commence par le recrutement de personnel temporaire. Une fois les nouvelles recrues choisies – les mêmes reviennent souvent d'une année sur l'autre –, leur contrat débute par une formation sur les consignes de tri, sur les circuits et leurs « points noirs », ou encore sur le matériel. Sur tout ou partie de la saison, les agents « de passage » sont mis en équipe avec des titulaires à l'année. Ceux-ci se mobilisent également. Sur la frange atlantique, les agents de Coved annualisent ainsi leur temps de travail pour maximiser les heures travaillées durant l'été. Les moyens sont humains, et aussi matériels. À Perpignan Méditerranée, où la population des communes littorales est multipliée par dix en période estivale, le même parc de bennes à ordures ménagères sert été comme hiver. Mais, il est plus sollicité l'été, puisque la collecte se fait en deux postes, au lieu d'un seul le reste de l'année. Les véhicules doivent s'adapter à des centres historiques aux rues exiguës ou à sens unique, comme les microbennes utilisées par Pizzorno à Saint-Tropez ou celles à châssis étroit de Coved pour l'île de Ré. Veolia Environnement a développé, pour son contrat de collecte à Canet-en-Roussillon, sur le littoral méditerranéen, une benne dotée de pneus à basse pression, qui se dégonflent en vue de rouler sur le sable, pour y desservir des restaurants de plage.
À mesure que la haute saison approche, les fréquences des tournées augmentent. L'agence de Pizzorno à Saint-Tropez reste ouverte 23 heures sur 24, lorsque ce village d'environ 4 500 habitants devient une destination de vacances pour quelque 100 000 personnes en pointe journalière. « Nous effectuons huit passages par jour ou plus, entre 5 heures et 20 heures, auprès des points de regroupement de déchets résiduels, et cela peut monter à dix ou quinze fois sur celui destiné aux plaisanciers de la baie », détaille Nicolas Bonhomme, directeur d'exploitation du golfe de Saint-Tropez chez Pizzorno, délégataire tenu à une obligation de résultat. La collectivité veille au respect du contrat. Selon Nadine Spada, du service déchets ménagers et assimilés de la communauté de com-munes du golfe de Saint-Tropez, « nous avons des yeux partout, grâce aux remontées d'informations de nos contrôleurs, mais aussi de chaque mairie ou des polices municipales. »
À Canet-en-Roussillon, une commune de Perpignan Méditerranée, les collectes passent de deux à sept tournées par semaine dans les secteurs côtiers. Pas question de se laisser dépasser par l'affluence. Le délégataire Veolia Environnement y est tenu, lui aussi, par une obligation de résultat, à collecter autant que nécessaire afin de prévenir tout débordement des colonnes d'apport volontaire. Prisé pour son aspect, ce type de conteneurs présente l'avantage, grâce à ses capacités de stockage temporaire, de limiter l'effet du pic saisonnier.
Les heures de tournées sont un autre point crucial. L'île de Ré ou l'agglomération de Royan privilégient la collecte de nuit, de 19-20 heures à 4 heures. « Cela évite que les camions ne rencontrent le flux de touristes qui vont à la plage ou qui sortent de discothèque », note Christophe Pinardaud, directeur délégué Grand Ouest chez le délégataire Coved. À Perpignan Méditerranée, « la collecte du second poste se faisait jusqu'à présent de nuit », commente Patrice Blandino, directeur valorisation des déchets à l'agglomération. « Mais, en raison de problèmes de stationnement et du fait que les bennes pouvaient se trouver au milieu de la foule lors de concerts ou de manifestations de cirques, nous l'expérimentons cette année en après-midi. »
Quid de la sécurité du travail, en présence d'agents moins expérimentés ? À la régie de la presqu'île du Crozon, seuls les permanents prennent le volant. Perpignan Méditerranée s'attache à décliner la recommandation R437 en toutes saisons. Toutes les bennes
y sont équipées de GPS, comprenant une aide à la conduite. « Cela nous permet d'affecter, sur nos camions, des agents qui ne connaissent pas les circuits et qui sont alors guidés par ce système », décrit Patrice Blandino.
La logistique concerne les flux des ménages, et également celui des commerces et restaurants. Ceux de Saint-Tropez présentent leur caissette de verre lorsqu'elle est pleine et en reçoivent une vide en échange. Ils doivent sortir leurs cartons un quart d'heure avant l'une des quatre collectes quotidiennes, et s'inscrire pour demander à ce que soient retirés leurs bidons d'huile alimentaire. Puis, une fois les vacanciers partis, reste à dresser un bilan de la saison en vue de préparer, déjà, le prochain pic touristique. l