Depuis la fin de l'été, les places boursières mondiales s'agitent et jouent au yo-yo. À l'origine, la Chine, victime d'une bulle spéculative immobilière et d'un ralentissement économique que l'on n'osait imaginer. Et pourtant, depuis le début de l'année, dans nos pages, nous n'avons cessé de relayer des informations mentionnant la baisse de la consommation chinoise de matières premières et secondaires dans le secteur des métaux et des plastiques. Cette réaction soudaine semble donc étonnante au regard de plusieurs indices visibles.
Un déni de réalité ? Oui et non, on connaît le savoir-faire du gouvernement chinois en matière de transparence. Habitué à une croissance chinoise surfant entre 8 et 10 %, l'Occident se réveille subitement avec la gueule de bois, ne sachant pas sur quel pied danser. Pékin parle finalement d'une croissance à venir de seulement 7 %, mais en clair, on ne sait pas. On spécule désormais sur des taux inférieurs, et c'est sans doute ce flou entretenu ou pas qui explique ce malaise sur les marchés mondiaux. La tragédie de Tianjin et le manque d'informations précises sur les causes, la nature des produits chimiques incriminés et le nombre de victimes n'arrangent rien à la situation. À cela s'ajoute la dévaluation surprise du yuan le 11 août, perçue comme un effort désespéré des autorités chinoises pour relancer les exportations et l'activité économique.
La crise de 2008 n'a-t-elle donc pas permis de tirer des leçons ? En ce qui concerne le secteur des matières à recycler, l'activité au grand export et en particulier vers la Chine a révélé ces derniers temps d'importantes difficultés tant au niveau de la réglementation douanière (Green Fence), des volumes expédiés, de la qualité acceptée et des prix pratiqués. Cela semble une évidence. La Chine, ce n'est plus Byzance.
Gageons que l'explosion de cette bulle boursière serve enfin de leçon à l'Occident, et permette à l'Europe de s'orienter concrètement vers un nouveau modèle économique, basé sur la maîtrise des ressources, l'écoconception et le recyclage. Pour ce faire, les professionnels du secteur ont un rôle essentiel à jouer. Un rôle pivot selon les analystes du groupe Xerfi, qui placent même le recycleur au rang de futur « conseiller matières » des entreprises. Tout un programme, mais pas si farfelu que cela. Son expertise en matière de connaissance et d'approvisionnement des matières secondaires peut lui offrir de nouvelles activités et l'occasion de se diversifier.
On comprend pourquoi le métier fait partie des plus vieux du monde. À chaque bouleversement de son environnement, il a su s'adapter. Et demain, il aura sans doute encore l'occasion de le démontrer.