L'industrie du recyclage a bien résisté à une année 2014 marquée par une conjoncture économique compliquée pour certaines de ses activités. Pour la majorité des matières récupérées, l'exercice est même meilleur qu'en 2013.
Après un premier semestre plutôt positif pour les marchés du recyclage et de la valorisation, la machine s'est néanmoins un peu enrayée sur certains segments après l'été avec une chute des cours du pétrole sur le dernier trimestre impactant les plastiques et d'autres matières par ricochet. Idem pour le prix des ferrailles, qui a dérapé en fin d'année pour retrouver les niveaux de 2010. Si certains secteurs majeurs comme les métaux non ferreux et les papiers-cartons récupérés ne rencontrent pas vraiment de problèmes de prix, certains acteurs s'inquiètent néanmoins de la difficulté à trouver des volumes exploitables. Et de la concurrence qui s'installe sur les gisements disponibles, ce qui est particulièrement vrai pour les ferrailles depuis la fin 2014.
Un paysage de l'emploi stable
Le nombre d'entreprises est cependant resté stable l'an dernier avec 1 300 industriels répertoriés et 2 500 établissements. Le secteur est structuré autour de ses PME, avec un maillage relativement serré solvants du territoire, même si les régions parisienne et lyonnaise élargies à la Textiles 0,175 Bourgogne et à la Haute-Normandie concentrent logiquement 40 % des Plastiques 0,86 implantations. La densité d'entreprises est moindre dans le Sud-Ouest, une Métaux non ferreux 1,9 partie du Centre et dans certaines zones de l'arc méditerranéen. Un quart des Verre 2,1 entreprises compte moins de cinq salariés et Bois-palettes plus de la 6,6 moitié sont des PME de moins de vingt salariés. Seule une entreprise Papiers-cartons sur dix emploie 7,3 plus d'une centaine de collaborateurs, et cinq groupes dépassent Compost les7,9 1 000 salariés. En 2014, les effectifs des industries du recyclage s'établissent Ferrailles 12,9 à 26 468 salariés, soit un chiffre en hausse de 1,8 % par rapport Déchets du bâtiment 38,2 à 2013, malgré un contexte économique difficile, notamment dans l'industrie. Le chiffre est d'autant plus remarquable que les entreprises du recyclage disposent de nombreux postes à faible qualification. Elles emploient 81 % d'employés, et d'ouvriers, 9 % d'agents de maîtrise et seulement 10 % de cadres. Et ce sont justement des emplois peu qualifiés qui ont été détruits en France en 2014, en particulier dans l'industrie et le BTP, à partir du troisième trimestre.
Même constat pour le recours à l'intérim, qui a souffert au second semestre 2014 en France. Dans le même temps, 58 % des entreprises du recyclage ont eu recours à l'intérim, qui représente 7 % des effectifs (contre 5 % en 2013), soit 1 852 salariés en équivalent temps plein. Dans le domaine de l'insertion, 13 % des entreprises ont confié des missions à des associations et entreprises d'insertion pour un budget équivalent à 1,5 % du chiffre d'affaires du secteur. Parmi les segments les plus concernés par ce type de mission, on trouve notamment les textiles et les DEEE. La part des salariées dans le secteur est très stable depuis plusieurs années. Les femmes représentent 21 % des effectifs et sont plus présentes parmi les cadres et agents de maîtrise, puisqu'elles occupent 27 % de ces postes. En 2014, les entreprises du recyclage ont collecté plus de 78 Mt de matières, dont 38,2 Mt de déchets issus du bâtiment et 7,9 Mt de matières organiques sèches. Si l'on extrait les déchets du BTP, on obtient un volume global d'environ 40 Mt à traiter pour l'industrie du recyclage dont 32 % de ferrailles (12,9 Mt), 18 % de papiers-cartons (7,3 Mt) et 16,5 % de bois et de palettes (6,6 Mt), qui représentent à eux trois les deux tiers des volumes collectés. Ce qui correspond environ à 34,6 Mt du volume recyclé commercialisé en 2014, dont plus 35 % de ferrailles.
+ 10 % pour les plastiques
Le secteur du recyclage affiche Txtiles un 0,175 chiffre d'affaires global de plus de 9,1 Md€ Plastiques 0,86 regroupant les ventes de matières et les prestations de collecte, tri et transport. Les filières des métaux ferreux et non ferreux se taillent toujours Verre la2,1 part du lion avec près de 70 % du chiffre d'af-Bois-palettes 6,6 faires. Les métaux non ferreux profitent d'une demande soutenue qui permet aux entreprises de vendre leurs matières sans trop de difficultés. La Compost branche7,9 affiche un chiffre d'affaires de plus de Ferrailles 12,9 3,1 Md€, auquel s'ajoutent 418 M€ de prestations. Elle concentre ainsi plus de 34 % du chiffre d'affaires total du recyclage. Le chiffre d'affaires solvants des métaux 1 ferreux est du même ordre de grandeur, Textiles 1 à 3,1 Md€ hors prestations (200 M€ supplémentaires). Mais le secteur souffre Plastiques 3 de son côté de la dépréciation des cours des ferrailles, qui s'est accélérée en 2014, de la morosité persistante dans le sec-Verre 1 teur du bâtiment et de la concurrence qui s'accentue sur les gisements Bois-palettes à col4 lecter, entraînant les marges dans une spirale baissière. Le chiffre Papiers-cartons d'affaires8 des ferrailles est ainsi en recul de 2 % Compost 1 en 2014 par rapport à 2013. Derrière, les papiers-cartons, avec 760 M€ de chiffre Métaux non ferreux 1 Papiers-cartons 7,3 Déchets du bâtiment Métaux non ferreux 3 d'affaires (dont 80 M€ de prestations), et les déchets du bâtiment, dont le chiffre d'affaires est estimé à 1 120 M€, augmentent par rapport à 2013. Les secteurs des bois et palettes (317 M€) sont relativement stables, tandis que les plastiques recyclés progressent de 10 % (250 M€), grâce à un premier semestre très favorable avant la chute des cours du pétrole et des matières vierges après l'été.
Capacité/investissement
Le secteur du recyclage continue d'investir. Il consacre plus de 5 % de son chiffre d'affaires à l'amélioration de son outil de travail, soit environ 524,4 M€. Les deux tiers de ces investissements, soit plus de 350 M€, sont consacrés aux équipements : machines, véhicules et équipements techniques. On note également un accroissement des investissements en matière d'achat et de rénovation des locaux et bâtiments, passant de 6 % du montant total des investissements en 2013 à 18 % en 2014, soit 94 M€.
Incertitudes
Les premiers mois de 2015 ont confirmé que l'équation économique se complique pour certains secteurs comme les ferrailles et certains plastiques. D'autres, comme le verre, entrevoient sans doute une baisse des volumes à collecter. Et si les métaux non ferreux ont conservé une bonne activité au premier semestre, nul ne peut dire si celle-ci va perdurer après l'été. Bref, la prudence reste de mise pour les entreprises de recyclage, confrontées à nombre d'incertitudes économiques et, dans certains cas, à la concurrence accrue des matières premières. n