Matriochkas, le projet mené par l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar), a visé l’étude de l’efficacité de rétention des micropolluants par des techniques alternatives, centralisées et diffuses, de l’échelle macroscopique à l’échelle microscopique, à l’image des poupées russes.
Coordonné avec Micromegas et Roulepur, Matriochkas a été piloté entre 2015 et 2019 par le laboratoire Eau et environnement de l’Ifsttar, désormais intégré dans l’université Gustave-Eiffel. Le projet s’est déjà intéressé aux performances des ouvrages de gestion alternative des eaux pluviales présents sur le territoire de Nantes Métropole, partenaire du projet. Dans cette approche « macro », un diagnostic du territoire a permis de dresser l’inventaire des 650 ouvrages. Sur ces derniers, une évaluation globale de la pollution entrante a été estimée en fonction des données des systèmes d’information géographique (SIG), dont le taux d’occupation des sols. « L’objectif était d’obtenir des indications sur la gestion des sédiments et d’aider les collectivités à améliorer l’entretien de leurs ouvrages. Cependant la comparaison de cette modélisation avec la composition réelle des sédiments dans une douzaine d’ouvrages a montré un contraste entre la pollution réelle et celle modélisée. Une différence certainement liée au manque de prise en compte par le modèle des pratiques d’entretien », estime Fabrice Rodriguez, pilote du projet à l’Ifsttar.
Un premier zoom a ensuite été réalisé sur trois ouvrages existants caractéristiques du territoire, un bassin en eau, un bassin sec et une noue végétalisée. Le deuxième zoom a enfin comparé la performance de deux noues expérimentales de 7 m sur 4, l’une reconstituant une noue classique composée d’un sol en place faiblement infiltrant et l’autre utilisant un matériau très filtrant (sable). Sur ce dispositif pilote, l’alimentation en eau pluviale « reconstituée » était contrôlée. Dans ces deux études, trois grandes familles de micropolluants ont été analysées (éléments traces métalliques, hydrocarbures aromatiques polycycliques et pesticides). Les résultats montrent une grande variabilité du niveau de pollution liée à la nature des polluants, au type d’événement pluvieux et à la nature du sol.
Pour tous les micropolluants, l’abattement des flux est en outre davantage lié à l’abattement volumique qu’à l’abattement des concentrations. Cependant les ouvrages qui favorisent l’infiltration comme les noues ont un meilleur abattement en volume que les bassins, la filtration favorisant à la fois l’abattement du volume d’eau et des concentrations. Sur les deux noues étudiées au sein du pilote, deux modes d’alimentation ont été comparés, en tête ou en latéral. L’alimentation latérale, qui augmente la surface d’infiltration, a donné les meilleures performances. « Le principal message qui ressort du projet est en faveur de l’infiltration des eaux pluviales. En abattant les flux d’eau, on réduit la masse de polluants. Il y a donc ensuite une grande marge de manœuvre pour améliorer la performance de la filtration dans la conception des noues », conclut Fabrice Rodriguez.
Cet article est la première partie du dossier "Eaux pluviales : techniques alternatives, l’infiltration comme barrière à la pollution", publié dans le numéro 254 d’Hydroplus :
- Relire l’introduction, publiée le mercredi 6 mai.
A venir :
- La seconde partie : "MicroMegas compare systèmes centralisés et gestion à la source", publiée le lundi 11 mai.
- La troisième partie : "Roulépur cible le ruissellement des voiries et des parkings urbains", publiée le mardi 12 mai.
© Université Gustave-Eiffel
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