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RECYCLAGE & RÉCUPÉRATION

Emmanuel Toussaint Dauvergne : « Le recyclage n'est pas la finalité première des batteries usagées de la e-mobilité »

PUBLIÉ LE 3 JANVIER 2023
ABDESSAMAD ATTIGUI
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Emmanuel Toussaint Dauvergne : « Le recyclage n'est pas la finalité première des batteries usagées de la e-mobilité »
Emmanuel Toussaint Dauvergne, Directeur général de Screlec. Crédit : Screlec
En 2023, Screlec agréé par l’État sur la filière à REP des piles et accumulateurs portables se prépare à l’arrivée d’une réglementation européenne qui devrait renforcer ses missions de collecte et de tri des batteries de la micro-mobilité. Comment l’éco-organisme anticipe-t-il les futures obligations ? Éléments de réponse avec Emmanuel Toussaint Dauvergne, Directeur général de Screlec.

Piles, batteries usagées des ordinateurs et de téléphones, Screlec gère depuis une vingtaine d’années la collecte et le recyclage de ces déchets en France et dans certains territoires d’Outre-mer (Guyane, Martinique, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon) à travers sa solution Batribox. Cet éco-organisme qui a collecté 5 310 tonnes de piles et accumulateurs portables en 2021, voit son périmètre d’activité s’élargir à une nouvelle catégorie, celle des batteries des trottinettes et des vélos électriques.

EM : Quel est l’état des lieux du marché des piles et batteries usagées ?

La consommation des piles a tendance à croître. Tout le monde est connecté, et utilise davantage d’équipements sans fil tels que les souris d’ordinateur, téléphones ou perceuses qui possèdent des batteries. En outre, cette consommation de piles et batteries augmente fortement pendant les périodes de fêtes durant lesquelles nous achetons et offrons des équipements, des produits high-tech, et des jouets qui nécessitent l’usage d’accumulateurs portables.

Après la consommation, vient la collecte des piles et batteries en fin de vie. Nous avons atteint un taux de collecte de 45 % en 2021. Si une grande partie est collectée, il reste une portion du gisement qui est dormant chez l’habitant. Facilement stockables, les piles usagées dorment pour une longue durée dans les tiroirs, ce qui constitue un frein à notre mission de collecte. Notre travail consiste donc à dépasser cet obstacle en menant un travail de sensibilisation pour rendre ce geste de tri et de jet plus automatique. Nous avons ainsi rapproché les points de collecte des ménages, nous les avons multiplié. Au cours de ces dernières années, Screlec a formé un maillage territorial composé de plus de 32.000 points, un réseau plus dense qui permet aux détenteurs de se délester de leurs piles usagées.

EM : Comment Screlec se positionne-t-il pour la gestion des batteries issues de la micro-mobilité ?

Nous sommes depuis 2020 dans une période de transition. Le périmètre de notre activité est défini par les autorités publiques à travers un règlement européen qui est en cours de révision. Dans ce cadre, il y aura la création d’une nouvelle catégorie de batteries qui englobe celles des moyens de transport léger (trottinettes et vélos). Probablement les pouvoirs publics nous demanderont de prendre en charge ce nouveau gisement, ce qui va se traduire par l’élargissement de notre périmètre à d’autres secteurs d’activité. 

Nous avions anticipé les besoins de la micro-mobilité en créant en 2020 une filière volontaire pour donner une seconde vie aux batteries issues des engins de la petite mobilité électrique (vélos à assistance électrique, scooters, et Engins de Déplacement Personnels Motorisés comme les trottinettes, skateboards, draisiennes, gyropodes). Nous avons ainsi pris les devants par rapport à la réglementation européenne et dès sa révision prévue ce premier semestre 2023, nous pourrons proposer notre service pour la gestion de ces batteries spécifiques qui arriveront en déchetteries ou chez un détenteur professionnel. De ce fait, nous allons connecter les acteurs en amont qui développent ces produits, à des acteurs en aval qui vont devoir gérer le déchet en fin de vie.

EM : Que deviennent ces déchets collectés ?

À l’image de la poubelle jaune, les piles et batteries collectées sont séparées selon des technologies : les alcalines salines, le lithium-ion, etc. À l’issue de cette étape, nous avons des lots homogènes qui sont envoyés vers les usines spécialisées dans le recyclage.

Quant au secteur de la mobilité qui arrive prochainement, l’objectif est de mettre en place toute une chaîne additionnelle qui va contourner en quelque sorte la chaîne de recyclage. Notre obligation actuelle consiste à prendre un tonnage et de l’orienter vers une usine de traitement et de recyclage. Toutefois, le recyclage n’est pas la finalité première des batteries usagées issues des nouveaux moyens de déplacement électriques. Par conséquent, nous devons trouver des acteurs capables d’augmenter leur durée de vie, de récupérer des pièces et matériaux pour constituer ou réparer une autre batterie. Notre mission est de soutenir une économie durable en apportant ce nouveau gisement de déchets à des acteurs qui vont pouvoir les valoriser. Ça résume la finalité d’un éco-organisme, qui serait de disparaître, c’est-à-dire de parvenir à un système qui peut se suffire à lui-même sur le long terme.

EM : Quels sont les prochains objectifs de Screlec ?

Nos objectifs de collecte sont fortement rehaussés en 2023. Notre travail serait de proposer des services additionnelles, notamment aux collectivités territoriales, aux administrés et au grand public pour les aider à se dessaisir de ces déchets. Pour ce faire, il faut passer d’un système passif où on attend l’arrivée des déchets, à un système proactif où on va expliquer aux acteurs la nécessité de nous envoyer ces déchets.

Nous allons également multiplier les opérations solidaires de collecte en lien avec des événements comme le Téléthon dans l’objectif d’inciter les ménages au destockage des piles et batteries afin de financer des causes sociales. À travers ces opérations, nous donnons socialement du sens à la collecte des accumulateurs portables.
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