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BIODIVERSITÉ

"L’économie vivante comme nouveau modèle"

PUBLIÉ LE 30 MAI 2017
LA RÉDACTION
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Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement.
Comment devient-on chef d’entreprise et tête d’affiche de la filière du génie écologique après quinze ans de Légion étrangère ?C’est les pieds dans la boue que j’ai découvert l’écologie et les systèmes vivants. Officier, je commandais deux cents légionnaires et je me suis retrouvé ouvrier pour des chantiers de restauration de rivières. J’ai créé l’entreprise de génie écologique Dervenn en 2002, après avoir donc quitté la Légion, qui m’a apporté énormément en termes d’engagement, de connaissance de l’humain… Mais, après quinze années de commandement direct sur le terrain, je n’ai pas souhaité intégrer l’État-major. Je voulais continuer de former et d’accompagner des jeunes. N’ayant trouvé aucun soutien financier pour mon projet, j’ai décidé de créer une entreprise qui pourrait par la suite en constituer la matrice. Baptisé Irvin, ce centre de formation, d’intégration dans l’entreprise par la compréhension des systèmes vivants, je n’ai finalement pu le créer qu’en 2012 et organiser les premiers stages qu’en 2015 ! Entre-temps, Dervenn s’est dotée d’un bureau d’études, en 2004, et a même failli couler en 2013 après une procédure de sauvegarde dont nous sommes sortis grâce à l’appui financier de plusieurs entrepreneurs croyant dans l’entreprise. Dervenn a ensuite connu un nouveau départ, retenue par Eiffage pour le chantier de compensation écologique de la LGV Bretagne-Pays de la Loire. L’entreprise est entrée dans une nouvelle dimension, mais je suis personnellement sorti de cette période, épuisé et inquiet. Et avec depuis longtemps en tête l’envie de changer radicalement de modèle économique pour ne plus avoir besoin de « réparer » les milieux naturels. C’est ce qui vous a poussé à créer Reizhan, votre nouvelle entreprise ?Oui, l’aventure Dervenn m’a donné à voir à quel point l’homme, avec une hypocrisie insupportable, détruit les écosystèmes. Avec un rythme bien plus rapide que celui de la reconstitution ! Après avoir cédé Dervenn en septembre 2016, j’ai donc créé Reizhan, qui signifie adaptation en breton, en octobre. Son objet ? Faire la « révolution », c’est-à-dire rompre avec la finalité de l’économie telle qu’enseignée depuis trois siècles : la maximisation du profit personnel. C’est cela qui a conduit aux dérèglements que nous connaissons aujourd’hui, climatiques, mais aussi sanitaires par exemple. Tant que l’on n’a pas changé ça, tout ce qu’on fait à côté ne sert à rien ! Reizhan repose sur un nouveau modèle économique reconnaissant les systèmes vivants comme base de création de valeur : l’économie vivante. J’aime la définir comme la cocréation de valeur par la production de biens et de services et la juste répartition de la valeur créée.Pouvez-vous nous en proposer une illustration concrète ?Ce concept d’économie vivante découle du Fipan ou Fonds d’intervention pour le patrimoine naturel que j’ai lancé en 2009. Rheizan est notamment en train de l’appliquer à Pleudihen-sur-Rance, près de Saint-Malo. Accompagnés par des agronomes, une dizaine d’agriculteurs y cultivent du blé noir sur trente-cinq hectares pour l’usine Bertel de galettes de sarrasin qui cherchait depuis plusieurs années un approvisionnement local. Savez-vous que 80 % du blé noir utilisé en Bretagne provient de l’étranger ? La culture du blé classique y est privilégiée pour des raisons dictées par la finance internationale et en dépit des avantages sociaux et environnementaux qu’apporte la culture du blé noir au territoire. À Pleudihen, loin de toute spéculation, l’entreprise et les agriculteurs se sont entendus sur un juste prix, fixe, pour une quantité donnée. Aujourd’hui, fiers de participer à la création d’un modèle économique local, tous veulent renouveler l’expérience en augmentant la production. Cinq autres exploitants vont nous rejoindre. À terme, plusieurs centaines d’hectares devraient entourer l’atelier de production. Nous voulons développer ce modèle pour d’autres produits, comme l’épeautre ou le chanvre. Je compte pour cela me rapprocher dans les mois prochains des réseaux de restauration collective, l’étape suivante consistant à créer une sorte de bourse territoriale en Bretagne. Je n’ai rien contre la mondialisation, mais certaines productions ne peuvent être soumises aux seules lois de l’offre et de la demande. Rheizan ne se limite cependant pas à ce projet…Non, l’entreprise s’articule autour de quatre projets intégrés. Nous venons de lancer le jardin de vie pédagogique, ornemental, nourricier et connecté EduNature. Ce bac de permaculture est couplé à un système de réalité augmentée qui permet de visualiser sur son smartphone, et donc de mieux comprendre, les interrelations qui s’y établissent entre systèmes vivants. Il peut être installé dans une école ou sur une place de village, et devenir un lieu de rencontre entre générations, d’échanges de graines, de recettes de cuisine...Quelles sont les trois autres cordes à l’arc de l’entreprise ?Reizhan propose des cycles de conférence et des sessions de formation basées sur l’expérience du vivant pour cadres ou étudiants, à l’image des stages qu’assure Irvin aux jeunes en recherche de sens et de repères. Plus classiquement, la société réalise aussi des prestations d’étude et de conseil pour des territoires qui voudraient lancer des projets d’économie vivante et des diagnostics écologiques de territoires.Propos recueillis par Fabian Tubiana
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