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RECYCLAGE

Verre ménager : investissements et volumes

PUBLIÉ LE 3 AOÛT 2015
LA RÉDACTION
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Les opérateurs de traitement du verre ménager investissent régulièrement pour fournir à leurs clients verriers le calcin le plus pur possible. Mais ces exigences ont un coût et les gisements, qui stagnent depuis plusieurs années, pourraient fragiliser la rentabilité des outils industriels (article publié en février-mars 2015).Les verriers veulent toujours plus de qualité. Confronté à une production en légère baisse et, malgré les efforts de la filière, à une collecte ménagère qui plafonne à 2 millions de tonnes depuis quelques années, le recyclage du verre mise sur l’exigence. Et le suréquipement des sites de traitement, condition sine qua non pour sortir un calcin débarrassé de toutes ses impuretés. Il faut dire que, malgré son antériorité par rapport aux autres emballages, le verre souffre toujours des mauvaises habitudes du trieur français, en premier lieu, et parfois du manque d’implication de certaines collectivités. Plats en pyrex, flutes à champagne, vaisselle cassée, inserts de cheminée, plaques vitrocéramiques, voire, pour les « plus doués » des consommateurs-trieurs, pots de fleurs, canettes ou bouteilles PET, polluent encore les conteneurs d’apport volontaire et de porte-à-porte… plus de 40 ans après la naissance de la filière.Avec comme conséquences directes : les nécessaires investissements des traiteurs de verre pour épurer les flux et livrer un calcin de qualité à leurs clients verriers. Qui restent, faut-il le rappeler, propriétaires de la matière, la garantie de reprise pilotée par Verre Avenir affichant un taux de contractualisation de 100%. Les coûts de traitement des opérateurs du verre se situent un peu au-delà de 20 à 22 euros la tonne pour produire du calcin à destination des fours de verre coloré. Et en 2015, le prix de reprise du verre trié pour les collectivités atteint 23,17 euros la tonne, contre 22,45 euros la tonne en 2014 (+ 3,2%).« Les exigences des verriers sur leur matière première sont logiques, ils produisent aujourd’hui des verres plus fins, plus techniques et nous ne sommes plus à une époque où ils enfournaient 30 ou 40% de calcin, rappelle Gérard Briane, PDG de Briane Environnement. Certains fours absorbent plus de 90% de calcin, on ne peut pas se permettre de livrer des matières dégradées. » Le calcin français couvre désormais plus de 60% des besoins en matière entrante. « Les Français trient mal, c’est un fait », se désole Hervé Phelip, PDG de Prover, filiale du verrier Owens-Illinois (son client exclusif), installée à Wingles (Pas-de-Calais) et approvisionné majoritairement en porte-à-porte. « La qualité du gisement s'est dégradée, confirme Nelly Istoczak, responsable marketing et communication chez Sibelco Green Solutions, le tri s'effectue de moins en moins bien au niveau des points d'apport volontaire. » « On constate aussi des différences notables de qualité selon les régions », note Pierre Lassarade, responsable commercial Europe du Sud chez Ipaq (filiale du groupe Maltha), approvisionné principalement en apport volontaire depuis le Sud-Ouest (93% d’apport volontaire dans cette région) mais qui reçoit aussi des camions du Nord-Ouest en provenance de Bretagne, Maine, Normandie.Plomb et vitrocéramiquesEnnemi numéro un des recycleurs et des verriers : les vitrocéramiques et les infusibles, qui perturbent le process verrier. Ils ne diminuent pas dans les gisements ménagers. Et ont même tendance à augmenter, constatent en chœur les producteurs de calcin, contraints de s’équiper en machines de tri optique toujours plus performantes pour les traquer. « Une des nouvelles problématiques est la parfaite transparence des nouveaux vitrocéramiques. Autrefois ils avaient une couleur un peu jaunâtres et étaient plus faciles à repérer, explique Gérard Briane, il faut donc faire évoluer le process de tri mais ça veut dire encore de nouvelles trieuses qui vont de l’UV à l’infrarouge ». Même constat chez Solover : « Notre site de Chalon-sur-Saône est équipé pour trier les vitrocéramiques quelle que soit la couleur du verre, souligne son PDG Yves Vial. Le site de Saint-Romain le Puy est quant à lui équipé seulement pour le flux de verre blanc. » La nouvelle unité de traitement d’Ipaq sur le site d’Izon (capacité de 300 000 t), rénovée en 2013 pour plus de 10 millions d’euros, est dotée de 12 machines de tri optique (contre 4 auparavant), destinées en particulier à limiter le taux d’infusibles, qui est aujourd’hui nettement inférieur aux PTM. Idem chez Prover, qui a bénéficié fin 2013 des investissements engagés par O-I sur l’ensemble du site de Wingles (10 M€) pour obtenir une deuxième étape de tri optique des vitrocéramiques.La prochaine étape pour les traiteurs, à la demande de l’industrie verrière, est la limitation des taux de plomb dans le calcin (dus aux verres en cristal). Le recyclage du verre a tendance à accroître le taux de plomb dans le verre d’emballage sur le long terme. Et certains marchés export, en premier lieu les Etats-Unis, plus friands de vins français et de spiritueux que de recyclage (33% pour le verre), pourraient exiger des Européens des concentrations inférieures à celles tolérées sur le Vieux Continent. « La teneur en plomb est sans doute le grand sujet des prochaines discussions avec les verriers, car certains pays n’acceptent aucune teneur en plomb », pointe Pierre Lassarade. D’où l’importance pour les verriers de travailler sur l’extraction du cristal. A l’heure actuelle, seul le recycleur indépendant Louis Vial est équipé depuis un an d’une machine de tri des verres à l’oxyde de plomb. « Si tout le monde joue le jeu, les taux de cristal diminueront mais le problème est qu’à force de multiplier les machines de tri, les pertes de matières pendant le process risquent d’augmenter », estime Yves Vial, chez Solover. En Allemagne, les traiteurs de verre ont déjà pris de l’avance en termes d’équipements de tri du plomb.Etiquettes RFIDConcernant le traitement, tous les opérateurs ne rencontrent pas les mêmes problèmes. Certains évoquent les pertes générées par les étiquettes hautement adhésives sur certaines bouteilles de bière. Des actions ont été menées ces deux dernières années entre le Cyclem (Federec Verre), la Chambre Syndicale des Verreries mécaniques et les fabricants de bière utilisant ce type d’étiquettes. « De nouveaux modèles d’étiquettes devraient prochainement améliorer le problème mais d’autres marques de la grande distribution commencent aussi à les utiliser », note Gérard Briane. D’autres professionnels, comme Prover, qui s’appuie sur un process de lavage, ou Ipaq, moins confronté à ce type d’adhésifs dans le Sud-Ouest, peu consommateur de bières, rencontrent moins ce problème. Autre difficulté, encore peu répandue, les étiquettes RFID, qui contiennent du silicium, perturbateur pour les fours verriers. Elles ne sont utilisées que par certaines marques pour des produits haut de gamme mais, coincées entre l’étiquette et le verre, elles sont difficiles à extraire. On peut également évoquer les bagues en aluminium qui échappent parfois au Courant de Foucault.La question des fines diffère aussi selon les traiteurs. Depuis la mise en service de sa nouvelle usine à Izon, Ipaq exploite un procédé de fabrication de poudre de verre qui digère ses fines de verre. « On en produit régulièrement et les retours sont positifs en termes de qualité tant sur le taux d’humidité que sur la perte au feu », détaille Pierre Lassarade. Ipaq reçoit aussi des demandes pour de la poudre encore plus fine à destination de marchés de niches (peinture, béton), ce qui nécessiterait des investissements supplémentaires. Le secteur du BTP n’étant pas en grande forme en 2014-2015, le groupe se contente pour le moment de son produit. De son côté, Prover, très exposé aux fines de verre en raison de ses approvisionnements en porte-à-porte, livre à O-I ses fines de broyage et de tamisage, à petites doses, à partir d’une aire de stockage, dans le four de Wingles, « à l’exception des fines de lavage, précise Hervé Phelip, mais elles sont beaucoup moins nombreuses ». Chez Sibelco Green Solutions, « certains de nos process nous permettent de traiter le verre jusqu’à 1 mm avec l’objectif de récupérer un maximum de verre dans le gisement brut, nous avons divers débouchés dans la bouteille ou l’isolation », précise Nelly Istoczak.Démélange : pas si simplePrésenté depuis le début des années 2000 comme l’une des solutions à l’optimisation de la filière verre, le démélange ne produit pas les tonnages attendus. Même si la croissance de la demande est réelle. Nombre d’installations ne tournent pas ou peu, faute de volumes. C’est notamment le cas pour le premier traiteur équipé, en 2002, Solover, sur son Chalon-sur-Saône : « Notre principal client fait de la bouteille teintée feuille morte et demande de ne pas enlever le verre blanc », indique Yves Vial. Cependant, le second site de Solover opère un démélange sur ses 70 000 tonnes. Ipaq s’est équipé plus récemment, en 2013, mais « la production de calcin blanc demeure encore marginale, reconnaît Pierre Lassarade. On en sort 5 à 10 % si on décide de l’extraire à partir d’un flux en mélange, il y a toujours un peu de perte pendant le process, notamment à l’éjection des vitrocéramiques, malgré les réglages machines. » Il faut dire que la part de verre blanc dans les gisements de verre ménager varie de 15 à 20 %. Et qu’il faut trouver un bon équilibre économique pour le traiter correctement. « On travaille généralement le verre blanc sur les grosses densités, à plus de 15 mm de granulométrie, car la consommation d’énergie et d’air comprimé pour extraire le blanc sur des granulométries plus fines coûte chère », explique Gérard Briane, qui a dû s’équiper de 2 compresseurs de 150 kW pour traiter le verre blanc, contre un compresseur de 90 kW auparavant. « Les coûts de traitement supplémentaires dus au démélange atteignent 4 euros la tonne », estime Pierre Lassarade. Là encore, ce sont les volumes qui permettent de rentabiliser tel ou tel investissement. Il y a une demande de calcin blanc chez les verriers, pour faire du verre transparent de deuxième catégorie, pas de l’extra-blanc, ou des teintes bleutées ou vert léger, sur des marchés de niches. Le calcin blanc permet aussi de soulager les fours de verre vert, dont certains risquent la saturation, voire, pour les fours de verre transparents, d’obtenir des crédits carbone.Des craintes pour 2015« Il ne reste plus que trois indépendants sur le marché du traitement du verre ménager, conséquence d’une volonté de regroupement de la part des verriers, mais aussi de mauvaises gestions d’entreprises de la part des opérateurs, et de la fermeture de fours verriers depuis 40 ans », rappelle Yves Vial. Comme pour la plupart des matières secondaires, la logique du traitement du verre va vers une massification des volumes sur des sites bien équipés. « Il n’y a pas de reproches à faire aux verriers, c’est le contexte du marché du verre d’emballage qui crée cette situation, si on doit disparaître, on disparaîtra », résume, fataliste, le PDG de Solover, dont les sites sont loin de tourner à pleine capacité, « la nouvelle usine Ipaq a récupéré une partie des volumes que nous traitions pour trois usines ».Au-delà des plans de communication et des efforts de chacun pour stimuler la collecte, aller chercher des volumes supplémentaires apparaît compliqué. Y compris sur des gisements hors ménager. Le potentiel du verre creux industriel ? « Hormis les chutes de centres d’embouteillages et des déstockages massifs dans des caves, on n’aura jamais des volumes importants », avance Pierre Lassarade. Confronté à une production verrière en baisse, le secteur du traitement du verre ménager est bien entré dans une phase d’optimisation. Et 2015 pourrait être une année difficile : « Les verriers ont consommé leurs stocks de calcin en 2014 et les fours se sont habitués à absorber de fortes proportions, je ne suis donc pas certain que nous aurons les volumes suffisants », craint Gérard Briane. Le défi est de taille pour la filière verrière, même si, faut-il le rappeler, le calcin français conserve une qualité fort appréciée. Pour aller plus loin : - Chiffres-clésVolumes collectés 2,1 Mt (2013)Production de calcin 1,9 Mt (2013)Taux de recyclage : 74 % des bouteilles et pots, 86 % sur les tonnages soutenus par Eco-EmballagesSources : Fédération du verre, Eco-Emballages- Plus de points d’apport volontaireEco-Emballages a lancé un plan d’action auprès des collectivités à horizon 2016 visant à installer 7000 points d’apport volontaire supplémentaires (163 000 bornes déjà installées en France). L’objectif : capter jusqu’à 30 000 tonnes de verre aujourd’hui perdues dans les ordures ménagères. Selon une estimation nationale de 2012, 600 000 tonnes de verre d’emballage sortiraient de la boucle chaque année. La priorité numéro 1 reste l’extension du maillage de l’apport volontaire (83 % de la population concernée en France et 3 % de double collecte AV+PàP), en particulier dans l’urbain dense où le gisement résiduel estimé (20 kg/hab/an) est deux fois supérieur à la moyenne nationale (10 kg).Production verrièreLe verre d’emballage a vu sa production diminuer d’un peu plus de 100 000 tonnes en 2013 (-3,4%) : 2,57 millions de tonnes de bouteilles (78% de la production de verre creux) et 456 152 tonnes flacons et pots ont été produits en 2013 sur une production totale de verre creux de 3,298 Mt. Depuis 2009, date de la dernière chute brutale de la production de verre creux (-13%), celle-ci s’est stabilisée entre 3,3 Mt (2013) et 3,6 Mt (rebond de 2011). Mais ces chiffres correspondent néanmoins à une baisse de la production de près d’un million de tonnes en 10 ans, que les problématiques d’allègement, certes très importantes chez les verriers ces dernières années, ne sauraient expliquer à elles seules. Les dernières statistiques publiées par la Fédération européenne du verre d’emballage (FEVE) sur le premier semestre 2014 en France font néanmoins apparaître une production en très légère hausse par rapport à la même période en 2013 à 1,57 Mt (+0,3%). Solide numéro 3 en Europe, le verre français accuse, sur la première moitié de 2014, un différentiel de 400 000 tonnes par rapport aux deux leaders que sont l’Allemagne et l’Italie (1,9 Mt).GA/RR


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