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ÉNERGIE

[Tribune] Gaz 100% renouvelables : comment impulser le mouvement maintenant ?

PUBLIÉ LE 23 AVRIL 2018
PATRICE GEOFFRON, PRÉSIDENT DU GROUPE DE TRAVAIL SUR LE GAZ RENOUVELABLE DE LA FABRIQUE ECOLOGIQUE
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[Tribune] Gaz 100% renouvelables : comment impulser le mouvement maintenant ?
Cette semaine, le président du groupe de travail sur le gaz renouvelable de la Fabrique Ecologique, Patrice Geoffron, revient sur les objectifs français de développement du gaz renouvelable. Selon lui, le retard est dû à l’absence d’une stratégie nationale. Il s’agirait notamment d’encourager la méthanisation agricole et de favoriser l’émergence de nouvelles technologies telles que le power-to-gas.

La loi de la transition énergétique pour la croissance verte promulguée en 2015 a fixé l’objectif de 10% de gaz renouvelables d’ici 2030. Objectif ambitieux lorsque l’on considère qu’ils ne représentent à l’heure actuelle que 1% de la consommation française en gaz et que leur développement est, selon le CESE, trop lent pour atteindre les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) en 2023.

Un potentiel sous-exploité

Pourtant, plusieurs études concluent à la possibilité d’un mix de gaz 100% renouvelable en 2050. C’est le cas du rapport de l’ADEME publié en janvier 2018 pour qui « un mix gaz 100% renouvelable permettrait d’éviter les émissions directes d’environ 63Mt CO2 par an en 2050». Le potentiel est donc là, d’autant qu’ils permettent une multiplicité d’usages (chaleur, électricité, transports, etc.), possèdent des atouts environnementaux autre que la réduction des émissions de GES (absence de polluants locaux et particules fines, valorisation locale des déchets) et constitueraient un outil de développement et d’aménagement du territoire, en créant des emplois locaux et en apportant de nouvelles ressources financières au monde rural.

Fin 2017, 548 installations produisaient de l’électricité à partir de biogaz, correspondant à une puissance totale de 423MW. A la même date, 44 installations injectaient du biométhane dans les réseaux de gaz naturel, soit une capacité totale de 696 GWh/an, ce qui positionne la France au 5ème rang seulement des pays européens. Début 2018, environ 400 installations agricoles étaient en activité mais cela reste très en deçà du potentiel du pays. Alors comment expliquer ce difficile développement ?

Principal frein : l’absence d’une stratégie nationale

Une partie de l’explication tient au consensus qui limite strictement le recours pour la production de biogaz à des cultures en concurrence avec l’alimentation humaine, avec un plafond de 15% d’intrants issus de cultures principales alimentaires ou énergétiques. Cette contrainte a pour but de favoriser l’émergence d’un modèle de méthanisation spécifique, différent du modèle allemand dans lequel des milliers d’hectares de maïs ont été dédiés à cette seule activité. Ces « cultures énergétiques », en trop grand nombre, peuvent alors poser des problèmes aussi bien écologiques qu’économiques. Mais les difficultés du secteur sont aussi et surtout dues à l’absence d’une stratégie nationale, un temps portée par le « comité national biogaz » puis interrompue. Cela se traduit par une réglementation plus contraignante et des exigences renforcées pour les unités de méthanisation. La concrétisation d’un projet nécessite alors des démarches longues et compliquées conduisant souvent à des coûts importants. Bonne nouvelle : les récentes conclusions du groupe de travail « méthanisation » lancé par le gouvernement en début d’année, semblent aller dans le sens d’une simplification du cadre administratif pour accélérer les projets.

Dans sa note « Gaz 100% renouvelables : comment impulser le mouvement maintenant », le think tank La Fabrique Ecologique a également formulé deux propositions pour accélérer le développement des gaz renouvelables en France :

1. Tripler le nombre de sites de méthanisation agricole d’ici le début de la décennie 2020

Le gouvernement a tout intérêt à faire converger ses objectifs en matière de gaz renouvelables, avec ceux concernant l’économie circulaire. La production de biométhane s’inscrit parfaitement dans cette logique, en particulier pour ce qui relève de la filière agricole : utilisation des déchets agricoles, diversification du secteur, réduction de la dépendance en énergie, plus grande résilience face au changement climatique. Les 400 unités de méthanisation aujourd’hui en fonctionnement ne représentent qu’une infime partie du potentiel (jusqu’à 10 000 unités), d’où l’idée d’en tripler le nombre au début de la décennie 2020, avec comme butoir le terme de la PPE en 2023.

Pour cela, il apparaît indispensable de desserrer les exigences sur le plan économique (facilitation de l’accès aux crédits bancaires, systèmes de garantie, tarifs et mesures de soutien), et sur le plan réglementaire (simplification des procédures et diminution des délais). Au niveau national, le rôle du « comité national biogaz » devra être renforcé pour qu’il puisse devenir un lieu privilégié pour mener des discussions de fond, accordant une place importante à la société civile. Enfin, la contrepartie d’un régime de soutien à cette filière devrait être de la rendre largement accessible aux agriculteurs, et non aux seules entreprises agricoles qui ont une importante capacité d’investissement et donc à bénéficier de ces aides. La méthanisation doit être clairement affichée comme une activité économique à part entière, permettant non seulement une autosuffisance, mais également une diffusion au-delà des territoires ruraux.

2. Définir une feuille de route pour le power-to-gas :

Nous allons vers une augmentation importante de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique, ce qui confère un double rôle aux gaz renouvelables : la réduction des importations de gaz fossiles et le soutien apporté par le stockage à la montée en puissance du solaire et de l’éolien.

Le power-to-gas est un procédé de stockage qui consiste à convertir l’électricité renouvelable en gaz. Si les batteries stockent l’énergie sur de courtes périodes, le power-to-gas permet d’en conserver de grandes quantités sur du moyen terme, d’une saison à l’autre, aussi bien à l’échelle de grands territoires que de quartiers. Le stockage deviendra un facteur critique à partir de 2030. Il revient à la puissance publique d’évaluer l’apport de cette filière dans sa politique de transition (et au-delà dans sa politique industrielle) de façon à donner aux acteurs de la filière une visibilité nécessaire à leurs investissements.

Pour cela, il est nécessaire de simplifier la législation en cours sur la production et le stockage d’hydrogène, favoriser les expérimentations territoriales et tout particulièrement les expérimentations en territoires insulaires, afin de valider l’intérêt de l’hydrogène dès à présent et constituer un marché d’amorçage pour les industriels de la filière française. Concernant les aides à cette filière, il pourrait être mis en place un mécanisme de rémunération des services aux réseaux sur la base notamment des coûts évités de renforcement de lignes électriques.
Patrice Geoffron, président du groupe de travail sur le gaz renouvelable de la Fabrique Ecologique
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