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ÉNERGIE

[Tribune] Financer les économies d’énergie : quels dispositifs ?

PUBLIÉ LE 11 JUIN 2018
MATHIEU DANCRE, DIRECTEUR STRATÉGIE ET MARKETING DE CAMEO ENERGY
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[Tribune] Financer les économies d’énergie : quels dispositifs ?
Cette semaine, Mathieu Dancre, directeur stratégie et marketing de Cameo Energy revient sur le financement des rénovations énergétiques. Selon lui, les solutions existantes sont efficaces mais insuffisantes. Il s’agirait de construire "une offre de financement à la fois standard et sur mesure. D’une part sur mesure vis-à-vis du prescripteur afin de lui mettre à disposition une offre de financement adaptée et pertinente pour ses équipements ou typologie de travaux. D’autre part standard vis-à-vis du client final, dans une logique de massification et de commercialisation simplifiée pour le prescripteur".

En France, les primes d’énergie (via les Certificats d’Economie d’Energie notamment*) financent efficacement la rénovation énergétique mais des solutions de financement complémentaire n’en demeurent pas moins indispensables. On pourrait s’attendre à ce que ces solutions de financement soient à la fois catalysées et catalyseurs des primes d’énergie. La réalité est malheureusement différente.

Un marché de 2 milliards d’euros par an pour la période 2018 - 2020

La quatrième période de collecte des CEE (2018-2020) pose des objectifs ambitieux : les fournisseurs d’énergie et les distributeurs de carburant vont devoir trouver, monter et financer deux fois plus de projets d’économie d’énergie que n’en ont été réalisées entre 2015 et 2017. Il est dès lors indispensable que le champ d’application du dispositif s’élargisse à de nouveaux équipements, de nouvelles technologies, et des nouveaux programmes de sensibilisation aux usagers. Retenons qu’en moyenne, les CEE représentent : un marché de 2 milliards d’euros par an pour la période 2018-2020, et 20% du montant des travaux de rénovation énergétique en moyenne, aussi bien dans l’industrie que dans le bâtiment résidentiel ou le tertiaire. Il reste donc globalement 80% du montant à financer, soit au global, 8 milliards d’euros par an. Où donc trouver un financement complémentaire ? Certains porteurs de projets payent cash leurs installateurs, ou bien se voient forcer d’y renoncer. La troisième option, qui semble la plus naturelle et la plus simple, est que le porteur de projet active une solution de financement qui pourrait s’alimenter par les économies d’énergie qui seront réalisées dans le projet en question. Malheureusement, cette troisième option n’est pas suffisamment retenue, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises.

Les freins au financement de la transition énergétique sont d’ordre multiple : culturel, technique et temporel

La culture française n’est pas financière, ce n’est pas une réelle surprise mais un constat déjà largement communiqué. Les particuliers sont méfiants et peu enthousiastes face aux nouveaux produits de financement. Pour les professionnels, le phénomène est diamétralement opposé : les décisions financières reposent sur des experts financiers de l’entreprise ayant à cœur de démontrer qu’ils disposent de solutions plus performantes que les offres packagées spécifiques aux économies d’énergie. C’est une vision à court terme, qui ne prend pas en compte tous les bénéfices que peuvent apporter les économies d’énergie. En pratique, cela casse l’activation des projets, et cela revient à sous-estimer la valeur d’une offre intégrée, qui dépasserait le seul registre de la finance et qui serait montée spécifiquement pour les conditions du marché de l’énergie.

Au-delà de la « culture financière », d’autres aspects liés au dispositif des CEE constituent un frein aux solutions de financement de la rénovation énergétique, notamment dans le domaine de la location financière. Ce produit financier se prête très bien à la rénovation énergétique, car il privilégie l’accès et l’usage à la propriété via des solutions d’abonnement. Or, les CEE ont une durée de vie dépassant souvent les dix ans, dans un objectif de cumuler dans le temps suffisamment d’économies d’énergies pour induire une prime à l’investissement significative, donc incitative. Une solution d’assouplissement, ne serait-ce que pour certaines opérations standardisées de rénovation, permettrait de lever ce frein. D’autres solutions de financement sont à l’étude, outre le contrat de performance énergétique, comme la mobilisation d’autres acteurs financiers non bancaires (ex. fonds d’investissement), percevant le CEE comme une caution validant la faisabilité technique des projets de rénovation énergétique.

Enfin, les projets d’économie d’énergie sont, par nature, multidimensionnels. Il faut prendre en compte les volets énergétique, technique et financier, et les liens complexes qui les unissent. Dans le monde de l’énergie où les commerciaux ont davantage un profil technique que financier, il n’est pas surprenant que ce soit la solution de financement complémentaire aux CEE qui soit la moins bien commercialisée.

Pour franchir ces obstacles, la réponse se trouverait dans la construction d’une offre de financement à la fois standard et sur mesure. D’une part sur mesure vis-à-vis du prescripteur, qu’il soit équipementier ou installateur, afin de lui mettre à disposition une offre de financement adaptée et pertinente pour ses équipements ou typologie de travaux. D’autre part standard vis-à-vis du client final, dans une logique de massification et de commercialisation simplifiée pour le prescripteur (ou réseau de prescripteurs). Contrairement aux offres de financement classiques, elle combine une gamme de services et d’outils spécifiques au secteur (prime énergie CEE fonction des équipements à installer, complément de financement, calculs d’économies d’énergie et de retour sur investissement, suivi de performance). A cette approche, un accompagnement humain pendant toutes les phases du montage de la solution paraît indispensable, tant la technicité et les composantes des projets d’efficacité énergétiques sont nombreuses, et tant le potentiel des projets de rénovation pour la transition énergétique est important.

* Législation depuis 2006 obligeant les fournisseurs d’énergie à financer les travaux de rénovation énergétique
Mathieu Dancre, directeur stratégie et marketing de Caméo Energy
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