Le recyclage a aussi sa face sombre. En témoigne la présence d'huiles minérale (MOH) et d'hydrocarbures aromatiques d'huiles minérales (MOAH) présents dans les emballages, et qui migrent dans les denrées alimentaires. Ces huiles sont présentes à des teneurs plus élevées dans les emballages en papiers et cartons recyclés que produits à partir de fibres vierges.La problématique est connue depuis 2009. « Dans une étude allemande réalisée sur 119 aliments secs (pâtes, semoule, riz, biscuit, céréales etc.) emballés dans des matériaux en papiers et cartons stockés pendant 2 à 3 mois à température ambiante, les auteurs ont observé que les huiles minérales ayant migré dans les aliments étaient composées de 10 à 20% d’hydrocarbures aromatiques (MOAH) avec des concentrations moyennes en MOSH variant de 0,5 à 24 mg/kg d’aliment selon les aliments (...). Ces mêmes échantillons analysés après 4 puis 16 mois de stockage (...) à température ambiante présentaient de plus fortes concentrations, démontrant que la migration se poursuit tout au long du stockage (...) », indique l'Anses, dans un rapport qui formule ses recommandations, publié le 9 mai 2017.L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) recommande notamment de limiter l'exposition du consommateur en supprimant les sources de contamination dès la fabrication. En effet, « les principales sources d’huiles minérales dans les papiers et cartons sont les encres d’impression de type offset directement appliquées sur les emballages alimentaires en papier et carton, ainsi que celles présentes dans les emballages suite au recyclage des papiers et cartons (...). Les journaux et autres supports imprimés entrant dans la filière recyclage ont été identifiés comme les principales sources d’huiles minérales dans les emballages alimentaires en papiers et cartons recyclés », précise le rapport. De faire de l'écoconception, en somme.L'Agence recommande également de valider une méthode d'analyse « spécifique et robuste », un pré-requis avant toute recommande d'ordre toxicologique. Enfin, l'Anses recommande l'utilisation de matériaux barrière (PET, acrylate, polyamide, etc.) pour limiter la migration des MOH des emballages vers les aliments – le risque étant alors de gêner le recyclage. Des matériaux barrières à base d'amidon sont à l'étude.Albane Canto