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Sciences participatives : un laboratoire à ciel ouvert

Par la rédaction. Publié le 1er juin 2015.
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En Bretagne, la participation citoyenne est une lame de fond. L'Ifremer mobilise des plaisanciers pour pister les microalgues (Phenomer), Oceanopolis pour mesurer la turbidité de l'eau et une association scientifique pour repérer des raies devenues rares sur ces côtes (CapOeRa). Dans le Tarn ou en Seine-Saint-Denis, des observatoires alimentent ainsi des inventaires naturalistes. En Méditerranée, c'est pour le suivi des cétacés et des tortues (Cybelle). Et sur l'étang de Thau, pour celui des hippocampes (Peau-Bleue) ! En dix ans, les sciences participatives ont séduit les chercheurs, non sans soulever des réticences. Portés par les possibilités qu'offre internet, les programmes se sont si vite multipliés – une centaine aujourd'hui – qu'il faut trier le bon grain de l'ivraie. « Pour éviter les doublons, nous les suivons, les mettons en réseau, rassure Caroline Joigneau-Guesnon, animatrice d'un collectif qui les recense, cogéré par l'Union des centres permanents d'initiatives pour l'environnement (CPIE). D'autant que de nouveau x arrivent. La Société nationale de protection de la nature veut lancer un inventaire participatif des mares à l'échelle nationale. » Pour s'y retrouver, l'Institut de formation et de recherche en éducation à l'environnement (Ifree) distingue trois types de programmes : ceux à visée purement éducative, ceux qui enrichissent des bases de données et ceux centrés sur un projet de recherche. Les premiers, très orientés grand public, ne sont pas conçus pour aboutir à des résultats exploitables scientifiquement. « Pour que les données transmises profitent à la science, il faut l'identité du volontaire, le nom de l'espèce, le lieu, la date de l'observation. Les contributeurs n'ont pas la même rigueur qu'un scientifique. En leur donnant la bonne méthode, en vérifiant la qualité de ce qui est collecté et en levant les incertitudes, les informations sont pertinentes », motive Laurent Debas, océanographe à l'initiative du programme BioLit, axé sur la faune et la flore du bord de mer. En ville, les données ne manquent qu'à très petite échelle. Pour pister sur les trottoirs des signes de vie végétale (pissenlits, pâturins), le programme Sauvages de ma rue est porté depuis quatre ans par l'association Tela Botanica, qui rassemble 20 000 botanistes. « Avec le recul, les données commencent à parler. Elles confortent ou infléchissent des tendances. Des indicateurs de végétation urbaine vont être dégagés, annonce Camila Leandro, animatrice du programme. Suivre la biodiversité nécessitant du temps, des moyens. Cet appui citoyen est pertinent car ces moyens sont démultipliés avec le nombre de participants, les données obtenues plus vite et sur un champ d'observation plus large que pour une mission classique. Les bases de données ainsi obtenues, il serait quasiment impossible de les avoir autrement. » Même en recrutant une armée de techniciens ? Oui, car des obstacles perdureraient, comme les autorisations à décrocher dès lors qu'il s'agit d'échantillonner dans le jardin d'un particulier. Un problème qui ne se pose pas quand c'est lui qui fournit la donnée ! Autre aspect pratique : prévenir, via Phenomer, des courts épisodes d'efflorescences de microalgues aide les scientifiques à orienter leurs prélèvements. Chez Noé Conservation, qui mobilise des observateurs sur la biodiversité de proximité, on trouve d'autres vertus : dans une dizaine de départements, cet élan citoyen a permis d'inven-torier pour la première fois des espèces, de délimiter leur aire de répartition et d'enrichir les inventaires nationaux (INPN) ou internationaux (UICN). Dans certains domaines désertés par la recherche, ces contributions participent, une fois structurées, à l'émergence de sujets insoupçonnés. Aux États-Unis, le programme Christmas Bird Count a comptabilisé des millions d'oiseaux et montré le recul inquiétant d'une vingtaine d'espèces communes. En France, les chercheurs du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) ne sont pas en reste : dans le cadre de l'Observatoire des jardins, les données issues de milliers de pelouses les ont fait progresser dans l'étude des effets indirects des herbicides sur la faune. L'Office pour les insectes et leur environnement (Opie), lui, cible le lucane cerf-volant. Boudé par les entomologistes, ce coléoptère n'avait jamais fait l'objet d'une évaluation sérieuse. Depuis quatre ans, 4 000 volontaires ont répondu à l'appel, débusqué la bête et, bonne nouvelle, constaté qu'elle est moins rare que prévu. À l'Opie, on ne cache pas les embûches. Le financement d'abord, car ces phases d'acquisition et d'analyse ont un coût et les aides publiques sont comptées. Mais aussi la qualité des données. Pour Xavier Houard, qui y suit ces questions, « le protocole peut être amélioré pour consolider les observations et leur validation grâce aux photographies transmises ». Un conseil, donc : revoir après un ou deux ans de test le protocole. Tout comme l'outil de saisie en ligne. Au MNHN, qui chapeaute par an une vingtaine d'inventaires participatifs de la biodiversité forestière, l'interface, CardObs, permet au contributeur de conserver, d'exploiter ses données via des outils de statistique ou de visualisation. En règle générale, trois voies sont possibles. Soit les scientifiques trouvent les données peu fiables et les traitent à part, ce qui est rare puisque ce sont souvent eux qui établissent les protocoles de participation. Soit ils les filtrent et les valident, en comparant si besoin avec celles des experts (quand elles existent). Soit elles peuvent être validées par la communauté, un peu comme sur Wikipédia, dans un esprit de confiance, d'autorégulation. « Dans les Alpes, ces observations phénologiques ciblées sur dix espèces alimentent directement et en temps réel les bases et cartographies du Centre de recherches sur les écosystèmes d'altitude (Crea), illustre sa fondatrice Anne Delestrade. En dix ans, 5 000 observateurs ont cumulé 27 000 observations. Nous ne les sollicitons pas sans raison, mais dans le cadre d'un projet de recherche. Il nous a permis d'évaluer l'impact du changement climatique sur la floraison du noisetier, plus précoce qu'avant. Et des impacts plus marqués à l'étage subalpin qu'en altitude. » Un doctorant s'empare maintenant des résultats pour comprendre l'impact sur les écosystèmes forestiers de montagne. Reste un hic : il faut fidéliser, éviter la routine et animer ce réseau d'observateurs. « Le renouvellement est important, constate Anne Delestrade. De nouveaux contributeurs se manifestent jusque dans les Pyrénées et, depuis peu, des salariés d'entreprises se montrent intéressés, comme chez Orange, avec qui nous entamons un partenariat pour maintenir nos stations de mesure climatique chez des particuliers. » Face au manque de données sur les habitats naturels et leur évolution liée au réchauffement climatique aux abords du Mont-Blanc, le Crea lance un programme participatif sur ce massif. Pour séduire un public jeune, il faut enfin de nouveaux outils. « Des applications smartphone facilitant la saisie de données, sans besoin de repasser chez soi et donc sans risque d'en oublier », confie Laurent Debas. D'ici la fin de l'année, il espère en doter BioLit. Un virage à ne pas rater. l
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