Entre 2014 et 2017, le nombre de sites naturels du Patrimoine mondial menacés par le changement climatique est passé de 35 à 62. Il s’agit de l’alerte lancée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dans un rapport publié le 13 novembre dernier dans le cadre de la COP23 à Bonn (Allemagne). Parmi les 241 sites du patrimoine mondial de l’UICN, 29% présentent de « graves préoccupations » et 7% ont « un avenir menacé », selon l’organisme. Pour établir ce rapport intitulé « Horizon du patrimoine mondial de l’UICN 2 », l’organisme a analysé pour chacun des 241 sites du patrimoine mondial, « les menaces, la protection et la gestion des sites ainsi que l’état de leurs valeurs de patrimoine mondial ». Tout ceci en les mettant en perspective avec les problématiques propres à chaque site, en fonction de sa géolocalisation, des enjeux régionaux et du contexte local.
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Des conséquences sur l’économie et la vie locales
« Les sites naturels du patrimoine mondial jouent un rôle crucial pour soutenir les économies locales et apporter des moyens de subsistance », explique Tim Badman, Directeur du Programme du patrimoine mondial de l’UICN sur le site de l’organisme. « Leur destruction peut donc avoir des conséquences dévastatrices qui vont au-delà de leur beauté exceptionnelle et de leur valeur naturelle. Dans le Parc national de Huascarán au Pérou, par exemple, la fonte des glaciers perturbe l’approvisionnement en eau et les métaux lourds qui se trouvaient sous la glace contaminent l’eau et le sol. Cela accentue l’urgence du défi qu’il faut relever pour protéger ces lieux », poursuit-il.
Défis et évolutions
L’UICN évoque également dans son rapport, les enjeux à venir et les « autres défis à relever », en insistant notamment sur les menaces que représentent le développement des espèces envahissantes, l’impact du tourisme non durable ou du développement des infrastructures (bâtiments, routes, etc.). « Elles affectent les processus écologiques et menacent la survie des espèces dans les sites. Les espèces exotiques envahissantes constituent la menace la plus répandue. Leur impact est souvent aggravé par le changement climatique qui facilite leur propagation et leur installation », explique l’organisme sur son site. Par ailleurs, selon l’UICN, « la qualité et l’efficacité de la gestion des sites naturels du patrimoine mondial ont chuté depuis 2014, notamment en raison de ressources financières insuffisantes ». En effet, seuls 50% des sites auraient « un bon niveau de gestion ». Enfin, l’UICN souligne les évolutions positives : « Le Parc National de Comoé en Côte d’Ivoire, par exemple, a vu sa population d’éléphants et de chimpanzés se rétablir grâce à une gestion efficace et au soutien international, suite à la stabilisation politique du pays. » 14 sites ont progressé dans le classement par rapport à la première version du rapport qui date de 2014. C’est le cas du site des lacs de Ounianga (Tchad), qui est passé d’un état de « bon avec des préoccupations » à « bon », ou encore du site des montagnes dorées de l’Altaï, qui présentait de « graves préoccupations » en 2014, et dont l’état est désormais « bon avec des préoccupations ».
Publié durant la COP23, « ce rapport de l’UICN adresse un message clair aux délégués réunis ici à Bonn : le changement climatique agit vite et n’épargne pas les trésors de notre planète. La rapidité et l’échelle à laquelle il dégrade notre patrimoine naturel met en évidence à quel point une implication urgente et ambitieuse des nations est indispensable pour mettre en œuvre l’Accord de Paris », précise Inger Andersen, directrice générale de l’UICN.