Dix ans de recherche : c’est la durée du programme scientifique Mistrals, dirigé par le CNRS en partenariat avec l’Ademe, le CEA, l’Ifremer, l’INRAE, l’IRD et Météo-France. Plus de 1.000 scientifiques provenant de 23 pays ont étudié l’environnement et le changement climatique en Méditerranée. Cinq projets ont été présentés.
Après dix ans de recherche sur l’environnement méditerranéen, mobilisant plus de 1.000 scientifiques, le programme interdisciplinaire Mistrals touche à sa fin. Dispersés dans six sous-programmes, les chercheurs ont abordé l’impact du climat sur les anciennes sociétés, le cycle de l’eau en environnement extrême, la pollution et les contaminants, la biodiversité et les conséquences du changement climatique au 21e siècle. Les résultats seront aussi transmis aux décideurs, acteurs territoriaux et gestionnaires pour les aider à mesurer les enjeux sociétaux et économiques de leur territoire.
Cinq programmes ont été présentés lors d’une conférence de presse : ils portent sur le déterminisme du climat sur l’avenir des sociétés, la prévision des crues extrêmes et des précipitations rapides, la pollution atmosphérique dans les mégapoles de Méditerranée orientale, la façon dont le plancton peut transmettre des contaminants, et la façon dont le changement climatique affecte la biodiversité des forêts. Environnement Magazine s’est penché sur deux d’entre eux.
Les mégapoles de la Méditerranée orientale très touchées par la pollution atmosphérique
Agnès Borbon, chercheuse CNRS au laboratoire de météorologie physique, a fait partie du projet Charmex, qui a conduit 7 campagnes de recherche de deux semaines à un an dans 5 villes de l’Est de la Méditerranée : Beyrouth, Istanbul, Athènes, Nicosia et Le Caire. L’équipe a observé la quantité des polluants dans ces villes, notamment celle du dioxyde d’azote (NO₂) qui « augmente entre 2005 et 2014, surtout dans les zones urbanisées avec activités humaines. » Agnès Borbon observe aussi un grand écart entre l’Ouest et l’Est concernant la présence de composés organiques volatils (COV) : « la concentration des composés vers l’Est est jusqu’à 3 fois supérieure à celles de l’Ouest. » À Beyrouth et à Athènes, l’échappement automobile et carburant sont les sources majoritaires des polluants. Un niveau des particules jusqu’à 8 fois supérieur à la valeur guide fixée par l’OMS a été observé au Caire. Ce n’est pas sans conséquence sur les habitants : « chez la population de plus de 30 ans, 11% de la mortalité est dû aux particules fines, et 8% au dioxyde d’azote », ajoute Agnès Borbon.
Les forêts méditerranéennes en mal de biodiversité
Virginie Baldy, enseignante-chercheuse d’Aix-Marseille Université à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale, fait partie du programme BioDivMex. Une centaine de chercheurs a expérimenté dans trois forêts pour simuler des cas de stress hydrique aggravé, imitant ainsi le changement climatique en Méditerranée. L’objectif est de voir comment ces forêts et leur faune réagissent au changement, en termes de production de composés organiques volatils, de bois et de stockage de carbone. Virginie Baldy observe que la faune terrestre a été très affectée, avec une « réduction de l’abondance de tous les groupes intervenant dans le recyclage de matières organiques et la disparition d’un groupe ». Le maintien de la biodiversité des arbres (290 espèces, contre 135 pour l’Europe non méditerranéenne) pourrait cependant réduire ce risque.