Trois ans à peine après sa création, la société spécialisée dans la valorisation des déchets plastiques va entrer à la Bourse de Paris. Objectif : lever entre 9 et 12 millions d'euros, soit quasiment autant que tous les financements récoltés depuis sa naissance début 2011, auprès de Truffle Capital, de Bpifrance, de la région Auvergne ou de l'État, via le crédit impôt recherche. Cette opération s'avère donc majeure pour l'entreprise qui ne réalise encore aucun chiffre d'affaires, mais dont les technologies pourraient lui ouvrir un marché considérable. Chaque année, en Europe, 25 millions de tonnes de déchets plastiques sont en effet produites et seulement 20 % sont recyclées, aime rappeler Jean-Claude Lumaret, le directeur général de Carbios. Dans ce contexte, la société a choisi un positionnement original. Plutôt que d'attaquer frontalement le marché de la collecte et du traitement des déchets, déjà bien organisé et nécessitant d'importants capitaux, Carbios se positionne comme « un intermédiaire entre la recherche fondamentale et les industriels, en amont des phases d'industrialisation et de commercialisation ». Son projet vise à développer de nouvelles technologies de valorisation des déchets plastiques et de générés. Les premiers revenus d'exploitation, sous formes forfaitaires ou de redevances, viendront donc lorsque ces projets se concrétiseront dans des accords de licence avec des groupes qui se chargeront de l'industrialisation du projet.
Après avoir identifié les travaux de l'Université de Poitiers, Carbios concentre dans un premier temps ses efforts sur la dégradation par voie enzymatique de l'acide polylactique et la production de plastiques biodégradables. Ce programme, mené dans le cadre du consortium Thanaplast, est doté d'un budget global de 22 millions d'euros sur cinq ans. Carbios apporte en propre 15 millions d'euros, d'où la nécessité de trouver de nouvelles sources de financement avant la signature des premières licences à l'horizon 2016. Un accord vient ainsi d'être conclu avec Suez Environnement pour que sa filiale Sita France mette à disposition de Carbios ses gisements de déchets plastiques.