La fabrication et la commercialisation de biberons contenant du BPA sont interdites en Europe depuis juin 2010. La France est allée plus loin avec la loi n° 2012-1442 du 24 décembre 2012. Ce texte suspend la fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché de tout conditionnement alimentaire contenant du BPA depuis 2013 pour les jeunes enfants, étendues au reste de la population depuis le 1er janvier 2015. Ces échéances réglementaires ont nécessité une anticipation des industriels pour identifier les meilleures alternatives tant sur le plan technique qu'économique. « L'option la plus fréquente a été de trouver un produit de substitution qui évite de changer de procédé », note Aurélien Gouzy, à la direction des risques chroniques de l'Ineris.
Un rapport du gouvernement remis mi-novembre 2014 au Parlement a dressé un premier état des lieux de la substitution du BPA par les industriels. Les emballages contenant du BPA en contact alimentaire sont de deux types : les matériaux en polycarbonate, un plastique très résistant, notamment utilisé pour la fabrication des biberons et des fontaines à eau, et les matériaux en résines époxydes, des vernis qui protègent les surfaces métalliques (canettes, conserves, couvercles…). Pour les biberons, le principal matériau de substitution est aujourd'hui le polypropylène (PP). Sur les bonbonnes des fontaines à eau, qui constituaient l'un des secteurs les plus touchés par la loi de 2012, deux matériaux remplacent actuellement le polycarbonate : le copolyester et le poléthylène téréphtalate (PET). Les différences de propriétés ne freinent pas leur application, note le rapport. « Mais il y a un surcoût global important », observe l'Association française de l'industrie des fontaines à eau (Afifae).
Côté résines époxydes, les fabricants ont commencé à étudier les différentes alternatives dès 2009. « Nous nous sommes orientés sur de nouvelles résines alternatives (polyester, acryliques et vinyliques) qui s'adaptent à notre procédé industriel. Cette démarche de substitution a nécessité la mise en la France dans le cadre du règlement Reach. La stratégie nationale contre les perturbateurs endocriniens a incité en avril 2014 à l'élaboration d'un label « ticket sans BPA », confié à l'Ineris, sur deux usages cibles : tickets de caisse et reçus de carte bleue. Un référentiel intégrant les règles de labellisation et une méthodologie d'analyse du BPA a été bouclé en décembre dernier. En janvier, l'Ineris a décerné les deux premières attestations au distributeur Lidl et au fabricant Koëhlern. Six autres