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Un jour en reconfinement avec : Adeline Duterque, directrice du centre Engie Lab Crigen

PUBLIÉ LE 23 DÉCEMBRE 2020
PROPOS RECUEILLIS PAR FLORÉANE MARINIER
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Un jour en reconfinement avec : Adeline Duterque, directrice du centre Engie Lab Crigen
Adeline Duterque (Crédits : Franck Dunouau)
Alors que, pour tenter d’endiguer la propagation du Covid-19, le gouvernement a ordonné un deuxième confinement, comment les collectivités locales et les entreprises des secteurs de l’environnement traversent-elles cette nouvelle épreuve ? Quelles leçons ont-elles tirées du premier confinement ? Comment envisagent-elles l’avenir désormais ? Environnement-magazine.fr donne aujourd’hui la parole à Adeline Duterque, directrice du centre Engie Lab Crigen​.

Comment avez-vous vécu l’annonce du deuxième confinement ?
Même si elle était un peu prévisible, cela n’a pas été une bonne nouvelle. Les équipes du Centre de Recherche Corporate d’ENGIE (CRIGEN), avaient progressivement repris leur activité et s’étaient retrouvées depuis fin mai avec plaisir dans nos locaux flambant neufs, à Stains. Pour ceux d’entre nous dont l’activité est principalement tertiaire, nous avions repris à un rythme de 2 ou 3 jours de présence sur site, le reste en télétravail. Pour les chercheurs et les techniciens de recherche, qui ont besoin d’accéder aux laboratoires et aux moyens d’essais, le travail en « présentiel » était plus soutenu. En nous retrouvant au printemps, nous avions pu mesurer le plaisir de travailler en équipe, des échanges informels, des moments partagés ensemble. On ne s’en rend pas forcément compte, tant qu’on n’en a pas été privé. Ce nouveau confinement vient incontestablement casser cette dynamique. De plus, et assez paradoxalement, alors même que les contraintes sont plutôt assouplies par rapport au confinement du printemps, j’ai l’impression que ce 2ème confinement ne sera pas vécu comme le premier. Certes, la logistique fonctionne désormais sans problème, mais il n’y a plus ce côté inédit, incroyable, qui nous a obligés à nous réinventer, à trouver des solutions, à franchir des obstacles. Avec ce reconfinement, on retombe presque dans une routine, sans bien savoir quand tout cela finira… Nous avons hâte que la vie reprenne son cours normal.

Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés ?
Pendant le premier confinement, plusieurs choses se sont bien passées : la mise en place du télétravail a été simple (ENGIE avait déjà un accord ambitieux en la matière) et nos services IT ont été au rendez-vous. Ceci dit, en termes de méthodes de pilotage, il a fallu tout inventer et résoudre les problèmes les uns après les autres : comment garder le contact avec chacun sans être intrusif ? Comment dynamiser les équipes à distance ? Comment éviter le piège du micro-management ? Comment s’assurer que chaque personne allait bien ? Il a fallu également prendre les mesures nécessaires pour limiter l’impact du confinement sur nos travaux de recherche tout en consacrant une partie de notre énergie et de nos compétences à trouver des solutions pour aider le pays à traverser cette crise (par exemple, pendant le confinement, nos chercheurs ont contribué à l’élaboration de pousse-seringues pour les hôpitaux). Et puis, il y a eu la phase de déconfinement à gérer, avec un impératif : préserver la sécurité de chacun et construire les modalités de reprise en lien avec les partenaires sociaux. Il a fallu aménager très vite les locaux, diffuser les règles d’utilisation des équipements, trouver des masques alors que la France en manquait (quelques cargaisons de masques commandés par ENGIE ont d’ailleurs disparu lors de leur acheminement), travailler avec nos prestataires pour adapter les rythmes de nettoyage, les modalités de ventilation… Les équipes de notre Lab « drones et robots » ont même inventé et fabriqué à partir des découpeuses laser du Centre de Recherche 500 petits outils en forme d’hippocampe qui permettaint aux collaborateurs d’utiliser la machine à café, les imprimantes ou ouvrir les portes sans contact.

Quelles leçons avez-vous tirées du premier confinement ?
La principale leçon, c’est la nécessité de garder des relations informelles et du collectif, en particulier dans un contexte de crise sanitaire qui peut s’avérer anxiogène pour certains. La dimension collective est essentielle, à la fois pour le bien être de chacun, mais aussi pour notre performance : dans un Centre de Recherche, la capacité d’innovation passe par la possibilité d’échanger, de créer des passerelles imprévues entre plusieurs idées ou pistes de travail. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place des moments d’échanges informels collectifs et individuels. Par exemple, des pauses café virtuelles quotidiennes, des concerts hebdomadaires par visio grâce aux talents musicaux de certains de nos chercheurs et des quizz interactifs, et des moments plus individuels (tous les managers ont pris le temps d’avoir au moins 2 échanges par semaine avec chacun des collaborateurs).

Je tire un autre enseignement de cet épisode exceptionnel : quand on veut, on peut et l’être humain est capable de s’adapter très rapidement quand les circonstances l’exigent. Il faudra s’en souvenir quand on nous dira que la transition énergétique rapide, c’est impossible.

Comment la pandémie de Covid-19 affecte-t-elle votre activité professionnelle ?
Nos activités de recherche ont finalement été assez peu impactées par cette pandémie. Plus généralement, pour ENGIE, nous avons été amenés à mettre en place un plan d’adaptation pour protéger nos collaborateurs tout en maintenant les services à l’énergie essentiels pour nos clients. Sur le plan financier, grâce à notre bilan solide et à nos liquidités robustes, nous avons su faire face aux différents impacts de la crise : baisse de la demande énergétique, rupture de certaines chaines d’approvisionnement (retardant certains de nos projets renouvelables). Les activités de service, à forte main d’œuvre, ont été les plus touchées. Les infrastructures, en revanche, ont fait preuve de résilience. Les activités de production d’électricité ont été assez peu affectées, malgré l’effondrement des prix de l’électricité au plus fort de la crise.

On parle beaucoup de "l’après-Covid". Comment envisagez-vous l’avenir, à partir de maintenant ?
Pour notre activité professionnelle au jour le jour, nous allons apprendre à travailler de plus en plus avec un mélange entre présentiel et distanciel. Nous avons déjà lancé des travaux en associant largement les équipes pour construire ensemble nos nouveaux modes de fonctionnement (par exemple, éviter des tunnels de réunions virtuelles toute la journée…) et adapter nos locaux (équipement informatique des salles notamment). Les thèmes de recherche que nous travaillons au CRIGEN sortent renforcés de cette crise, je pense par exemple :
• Au développement de l’énergie décentralisée, s’appuyant sur des ressources locales (gaz verts, boucles énergétiques locales),
• Au développement de l’économie circulaire (en utilisant des ressources de proximité),
• Mais aussi tout ce qui peut nous permettre d’agir à distance, comme pendant le confinement : capteurs, connectivité, intelligence artificielle, réalité virtuelle… Enfin, et plus généralement pour le monde de l’énergie, l’après-Covid est une opportunité pour accélérer la transition énergétique à moyen terme : les investisseurs se déplaçant de plus en plus vers les énergies renouvelables, plus résilientes pendant la crise, et le choc structurel devrait affecter la croissance de la demande énergétique au moins jusqu’en 2030, d’après l’AIE.
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