Vingt ans de travaux intensifs sous l'égide des Mines de potasse d'Alsace (MDPA) ont permis d'éliminer la majorité des quantités de chlorures qui s'étaient accumulées en surface sur les terrils, et en profondeur dans la nappe phréatique, au fil d'un siècle d'exploitation. Ils ont représenté un coût de 56 millions d'euros, pris en charge par l'agence de l'eau Rhin-Meuse (45 %), l'exploitant minier (43 %), l'Union européenne, la Région Alsace et l'État. Neuf millions d'euros restent à engager d'ici à 2010.
Les 8,2 millions de tonnes de sel qui composaient encore quinze terrils à la fin des années 1980 ont désormais disparu à plus de 90 % sous l'effet de dissolutions accélérées au canon à eau et/ou d'un étanchement-végétalisation. Ce volet de la dépollution s'achèvera en 2009. Quant aux 2,4 millions de tonnes qui s'étaient infiltrées dans la nappe phréatique, il y a vingt ans, leur pompage se poursuit avec des volumes bien supérieurs aux quantités qui continuent à pénétrer. Ne devraient donc subsister que des quantités infinitésimales en 2014. Enfin, la surface des « langues salées », qui désignent les surfaces de la nappe phréatique où la concentration de chlorures dépasse la norme de potabilité de 250 milligrammes/litre, est passée de 130 à 46 km2 entre 1975 et aujourd'hui.
Norme dépassée
Les MDPA ayant arrêté leur exploitation en 2002, elles préparent leur liquidation, ce qui implique le passage du relais à une autre structure d'ici à deux ans. Ce rôle devrait revenir au BRGM, déjà partenaire du dispositif de surveillance de la nappe. L'établissement public conduira principalement une mission de gestion et de surveillance, en concordance avec son coeur d'activité. Il appliquera ses dernières techniques de géophysique afin de parfaire la connaissance de la pollution de la nappe, en superficie et en profondeur, qui repose pour l'heure surtout sur des données de forage et des cartographies.
Les technologies associent mesure de la résistivité électrique et résonance magnétique protonique (RMP). Par injection de courant entre deux électrodes en surface, la première tirera parti de la propriété de la faible conductivité de l'eau salée pour différencier celle-ci du reste de la ressource hydraulique. Plus la distance entre les dipôles sera élevée, plus la profondeur mesurée sera importante. A contrario, la méthode ne permettra pas de distinguer l'eau salée des couches d'argile qui sont également conductrices. Cette seconde étape sera rendue possible par la RMP. Variante de la résonance magnétique nucléaire, elle identifiera la réponse spécifique de la molécule d'eau à un signal électromagnétique se propageant en profondeur. « Elle revêt cependant une limite : elle se montre sensible au bruit électromagnétique, ce qui peut perturber la mesure à proximité d'une station de pompage ou d'une installation électrique », relève Philippe Elsass, directeur régional du BRGM. La représentation du sous-sol qui résultera de cette combinaison de techniques sera retravaillée par divers logiciels, de façon à produire une coupe géologique parfaitement analysable.
Les premières expérimentations lèvent déjà quelques interrogations. Elles dissipent l'inquiétude quant à l'impact des langues salées sur le futur champ captant de Colmar. À l'est du bassin, elles indiquent la présence d'une faille géologique où s'infiltreraient des chlorures calciques.
prédictions
Le second volet de l'intervention BRGM consistera à prédire l'évolution de la salure dans le temps. Un modèle mathématique y contribuera : il calculera les écoulements des eaux souterraines à partir des nombreuses données sur les alluvions et de la recharge par les pluies et les eaux de surface, ainsi que le transport des chlorures. Les résultats des simulations joueront un rôle essentiel s'agissant de la mise en conformité du bassin du Rhin supérieur aux exigences de la directive-cadre sur l'eau. Sur la base des premiers éléments, le bon état devrait être atteint en surface en 2015. Il devrait en être de même en profondeur. Mais les pouvoirs publics ont demandé à bénéficier de la dérogation
jusqu'en 2027.