La pluie est enfin tombée en Catalogne, reconstituant en partie ses réserves d'eau. Les retenues d'eau artificielles sont en effet remontées début juin à un niveau atteignant 44 %, alors qu'elles n'étaient qu'à 19 % un mois plus tôt, flirtant avec le seuil d'alerte fixé à 15 %.
Pour autant, le ballet des bateaux-citernes en provenance de Tarragone et Marseille, à destination de Barcelone, ne s'est pas interrompu. La Société des eaux de Marseille ainsi que la Société du canal de Provence participent à cette opération qui permettra d'envoyer 1 660 000 mètres cubes d'eau potable et représente, pour la Catalogne, un coût de 22millions d'euros par mois et 6 % de sa consommation en eau.
Ce mode d'alimentation doit permettre de
passer la période difficile de l'été, les trois
usines de dessalement (Llobregat, Tordera, Cunit) devant être opérationnelles pour 2009.
Mais deux autres projets d'approvisionnement de la Catalogne sont en train de faire des vagues de part et d'autre des Pyrénées. Tout d'abord le transfert d'eau depuis l'Ebre - principal fleuve espagnol, situé dans le nord de l'Espagne - qui a été décidé par le gouvernement espagnol pour un coût de 180millions d'euros (cf. Hydroplus N° 180 p. 8). Des transferts depuis le même fleuve ont été refusés à plusieurs villes du Sud (Valence, Murcia, Almeria), moins influentes que Barcelone. Une différence de traitement qu'ont d'ailleurs dénoncé plusieurs milliers de manifestants le 18mai.
Un projet de transfert d'eau depuis le Rhône a également été évoqué - ou plus exactement remis au goût du jour (cf. Hydroplus hors-série de décembre1999) -, suscitant une levée
de bouclier des associations de défense
de l'environnement (WWF, Robin des Bois, France Nature Environnement,etc.). WWF souligne ainsi que ces projets de transferts sont contraires à la directive-cadre sur l'eau et « font revivre aux Espagnols les très mauvais souvenirs du Plan hydrologique espagnol, qui prévoyait des transferts d'eau massifs du nord vers le sud pour satisfaire l'arrosage des golfs, les cultures intensives et l'urbanisation croissante. Ce plan fut heureusement abandonné par José Luis Zapatero dès son accession aux responsabilités ».
Les associations estiment que les réponses proposées-s'adapter aux besoins- datent d'une autre époque et qu'il serait temps de s'orienter vers une gestion de la demande et une meilleure maîtrise des usages agricoles, touristiques et de celui qui devrait primer : l'alimentation en eau potable de la population.