C'est un long processus qui a amené Jean-Paul Chirouze à devenir président de l'Astee. Car cet ingénieur des Ponts et Chaussés avait pris, en début de carrière, la voie de l'Afrique, où il s'occupa de la construction de routes et de bâtiments ainsi que du transport maritime au Port autonome d'Abidjan. De retour en France, en 1979, il fait ses premiers pas dans l'eau, au sein de la compagnie du Bas-Rhône-Languedoc (BRL). De l'ingénierie à l'exploitation et à l'aménagement d'ouvrages structurants, il goûte à des métiers variés, avant de devenir secrétaire général et membre du directoire. Quinze ans au sein de BRL, où il dit avoir apprécié le caractère mixte de cette structure, « avec un degré d'exigence propre au privé, et une dimension publique liée aux décisions politiques d'aménagement du territoire ». Il devient membre du comité de bassin de l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse (AERMC) et découvre le fonctionnement de ce « formidable outil ». En 1994, il postule et devient directeur de l'AERMC. La loi sur l'eau de 1992 sera le fil conducteur de son travail, marqué par la mise en oeuvre de contrats de rivières et autres Sages. « Le premier Sage en France sera d'ailleurs signé dans la Drôme », se félicite-t-il. Il prend goût à l'animation du comité de Bassin, vaste assemblée de 116 membres ! Son plaisir pendant ces débats : « Amener des intervenants aux intérêts si éloignés à réfléchir ensemble et rechercher l'intérêt commun. » Il anime aussi le conseil scientifique de l'agence, composé de 35 chercheurs multidisciplinaires (et bénévoles), et s'avoue surpris de leur motivation : « C'était pour eux l'un des rares endroits où pouvait se faire un travail pluridisciplinaire. » Séduit par cet esprit, c'est tout logiquement qu'à la fin de son mandat à l'AERMC, il intègre le Cemagref pour y nouer des partenariats avec des acteurs locaux en tant que directeur régional Paca. Trois ans plus tard, il devient délégué à l'expertise scientifique et technique, poste qu'il occupe toujours. Il peut alors y poursuivre son travail de mise en relation des chercheurs entre eux et avec la société, mêlant sciences dures et sciences humaines. Une évolution qu'il juge nécessaire. À la présidence de l'Astee, où il succède à Pierre Roussel, il tient à faire diffuser cette dimension pluridisciplinaire au sein des différentes commissions. « Pour l'Astee, c'est une vraie difficulté de voir les sujets devenir de plus en plus techniques et pointus, et en même temps transversaux et généralistes. » Un autre axe consiste à repenser les relations avec les autres associations sur l'environnement, comme la SHF ou l'Académie de l'eau. « Car l'État, avec qui nous avons des relations de travail fortes, nous pousse à coordonner nos actions. » L'ouverture à l'international sera aussi à l'ordre du jour pour l'Astee, qui est déjà membre de l'European Water Association et représente l'International Water Association. Faudrait-il amener l'association plus loin et en aura-t-il les moyens ? Telles sont ses premières pistes de travail jusqu'à fin 2008. Comme le lui a dit Pierre Roussel en lui cédant sa place, sa principale limite dans cette fonction sera le temps et sa disponibilité.