La Bièvre prend sa source à Guyancourt, sur un plateau
des Yvelines, s'engouffre sous terre à Antony (Hauts-de-Seine)
et achève sa course, onze kilomètres plus loin, dans un égout
de Paris. Comme beaucoup de rivières urbaines, la Bièvre, devenue fétide, a été couverte, il y a cinquante ans environ, à l'approche de l'agglomération parisienne. À l'époque, elle avait de toute façon déjà largement disparu sous les voies de circulation, la ville et ses remblais.
une belle victoire
Les amis de la Bièvre ont cependant remporté une victoire importante pour sa survie : son inscription en tant que « masse d'eau fortement modifiée » à restaurer, d'ici à 2025, dans le cadre de l'application de la directive-cadre sur l'eau. Le Siaap s'apprête donc à réaliser un nouveau collecteur d'eaux usées, long de six kilomètres, entre Antony et Cachan.
Et la Bièvre ne servira plus d'exutoire en période d'entretien sur les égouts. Tous les espoirs de réouverture sont désormais permis.
Président d'un collectif de trente-trois associations, Alain Cadiou est prêt à soulever des montagnes de déblais à mains nues : « À son entrée dans Paris, à la Poterne des Peupliers, la Bièvre ne coule qu'à 1,50 mètre de profondeur. Square Le Gall, dans le 13e arrondissement de Paris, la rivière affleure ! » Ce passionné ne peut se satisfaire du parcours « symbolique » que la mairie de Paris, plus timorée ou financièrement réaliste, envisage de réaliser à la mémoire de la rivière enterrée, sinon défunte.
Une agence d'architecture, d'urbanisme et de paysage ( Benoît Julien) et un bureau d'études VRD ( AEP Normand) ont été désignés à cet effet. Du point de vue du militant écologiste, cela coûte cher, a peu d'intérêt et ne changera rien à l'état de la Bièvre...
À l'amont, les choses se présentent mieux. Avant Antony, le Syndicat intercommunal d'assainissement de la vallée de la Bièvre ( SIAVB), à l'efficacité reconnue, veille jalousement sur ses réseaux séparatifs et sur les dix-huit kilomètres du cours d'eau à sa sortie de Saint-Quentin-en-Yvelines. La rivière, largement découverte, agrémente un circuit de promenade.
Après Antony, la communauté d'agglomération de Val de Bièvre, qui regroupe sept communes du Val-de-Marne, et le conseil général se trouvent face à un nouveau défi : lutter contre les inondations et « valoriser la Bièvre », ce qui exige des budgets importants. Pour éviter les débordements, il faudrait d'abord construire des réservoirs de très grande capacité d'eau pluviale, mais c'est un autre débat (cf. Hydroplus n° 180, p. 10). En revanche, quand la salubrité de la Bièvre le permettra, les communautés territoriales pourront réaliser des aménagements paysagers, comme ceux de Fresnes
(Val-de-Marne).
étude de faisabilité
Depuis dix ans déjà, selon la direction de l'eau et de l'assainissement du département qui réalise des analyses régulières, la qualité physico-chimique de la rivière enterrée est passée de très mauvaise à mauvaise et même de passable à bonne, sauf en période de pluie cependant, du fait de la déficience des réseaux. L'agence de l'eau estime qu'il faudra aussi traiter à la source les eaux de ruissellement, ce qui permettrait de lutter contre les inondations.
La communauté d'agglomération recherche donc l'aide du conseil général et de l'agence de l'eau, et a conduit une étude de faisabilité avec les cabinets Hydratech et Cepage. Les premiers travaux pourraient démarrer en 2009.
Autre espoir pour la Bièvre : elle devrait faire un jour l'objet d'un Schéma d'aménagement et de gestion des eaux (Sage). Le périmètre en a été arrêté en décembre 2007. Et depuis, le dossier progresse avec lenteur.