«Aujourd'hui, quatorze communes sur vingt-neuf sont inondables par la crue bicentennale, soit un risque sur deux cents tous les ans, explique Olivier Manin, chargé de mission au Syndicat mixte des bassins hydrauliques de l'Isère ( Symbhi). L'objectif est de sortir les 300 000 habitants de la zone d'inondation. » Créé en mars 2004 par le conseil général de l'Isère, le Symbhi a pour mission de réaliser les travaux de protection. Estimés à 95 millions d'euros, ils seront financés à hauteur de 60 % par le conseil général de l'Isère, 17 % par Grenoble Alpes Métropole, 20 % par l'État et 3 % par les intercommunalités de la vallée.
Grenoble hors d'eau
Le débit moyen de l'Isère est de 180 m3/s. En cas de crue bicentennale, il atteint près de 1 900 m3/s. Le plan anti-inondation doit permettre de ramener ce débit à 1 200 m3/s à Grenoble pour protéger les zones habitées. Les surfaces agricoles ne seront inondables qu'à partir d'un débit de 1 200 m3/s, soit l'équivalent de la crue trentennale.
Le projet repose surtout sur la mise en place de seize champs d'inondation contrôlée d'une capacité de 36 millions de m3. La crue pourra s'étaler sur 3 500 ha de zones agricoles et naturelles afin de réduire le débit et d'éviter les ruptures de digues. Pour cela, quatorze déversoirs d'alimentation et vannes mobiles seront aménagés ainsi que deux ouvrages sous l'autoroute. La décrue s'évacuera par dix-neuf ouvrages de vidange, dont certains existent déjà.
Sur les 45 km de rivière, un tiers des 90 km de digues, soit près de 30 km, va être renforcé. De plus, quelques nouvelles digues et merlons de cantonnement des eaux vont être construits. Plus nouveau, certaines digues seront effacées. Sur 10 km, des ouvertures de 50 m tous les 400 m permettront de restaurer la forêt alluviale qui était connectée à la rivière avant le xixe siècle.
Ce milieu d'une grande richesse naturelle gagne à être inondé plus fréquemment. Ainsi, de 300 à 400 ha de forêt alluviale seront de nouveau rendus inondables tous les deux à dix ans. Pour Henri Biron, président honoraire de la Fédération Rhône-Alpes de la protection de la nature ( Frapna), c'est l'aspect le plus positif du projet. « Mais derrière la forêt, nous construirons de nouvelles digues pour protéger les zones agricoles », rassure Olivier Manin.
Pour compenser l'impact environnemental du projet (80 ha déboisés), 20 hectares seront reboisés et 35 km de haies plantées. Sept anciennes gravières vont être restaurées en roselières et trois bras morts remis en eau. Deux passes à poissons seront construites et sept affluents reconnectés à l'Isère. Enfin, l'aménagement d'une piste cyclable de 50 km et de rampes d'accès pour les sports d'eau vive sont prévus.
huit ans de travaux
L'enquête publique s'est déroulée en juin-juillet et la déclaration d'utilité publique est attendue pour mi-2009. Les travaux débuteront au second semestre 2009 et se dérouleront en trois tranches sur une période de six à huit ans. Rendez-vous en 2015 !