Lors de forts épisodes pluvieux, le lessivage des sols et la saturation rapide des réseaux d'eaux usées génèrent une pollution de l'étang de Thau (Hérault), classé zone naturelle d'importance écologique, floristique et faunistique (Znieff). Moteur économique de la région, ce bassin accueille des activités comme la conchyliculture, la pêche ou le tourisme, qui dépendent de la préservation du milieu naturel. Pour assurer une bonne qualité des eaux de la lagune, la collectivité Thau Agglomération, qui réunit huit communes, a signé un contrat de délégation de service public avec la société SDEI, filiale de Lyonnaise des eaux, pour la période 2008-2018.
Mesures en continu
Chargée de la gestion de la station d'épuration et du réseau de collecte des eaux usées de la ville de Sète, SDEI a mis en place un dispositif innovant de protection du milieu aquatique de l'étang de Thau. Appelée Gama (Gestion active des milieux aquatiques), cette solution permettra de réaliser un diagnostic de l'état du milieu et de mieux estimer les rejets dans le milieu naturel lors de fortes pluies ou de casses sur le réseau. En cours d'installation, ce dispositif comprend des stations de mesure et d'alerte développées par le Centre de compétence en milieux aquatiques ( CCMA) de Lyonnaise des eaux, et appelées Sirènes. Ces dernières, équipées de sondes modulables, mesurent en continu la température, la salinité, l'oxygène dissous et la turbidité de l'eau. Autonomes en énergie grâce à un petit panneau solaire, les Sirènes sont déplacées selon les besoins et les résultats de mesure. La qualité des eaux de l'étang dépendant des échanges avec la mer et de la diffusion des pollutions, l'hydrodynamisme de la zone doit être connue pour assurer une gestion active.
Au niveau des deux canaux principaux de Sète, la présence de courantomètres facilitera la compréhension des échanges entre la lagune et la mer. Pour évaluer l'influence des eaux pluviales, 21 sondes de conductivité et 7 sondes de détection de déversement équiperont les déversoirs d'orage et les postes de relèvement des eaux usées. À chaque débordement, ces sondes estimeront en temps réel la quantité d'eaux usées déversée dans le milieu récepteur et caractériseront en partie la qualité par corrélation entre conductivité et DCO. Après la pluie, la société SDEI pourra repérer des anomalies : présence d'eau salée signalant des problèmes d'étanchéité et présence d'eau de pluie ou d'eau claire permanente révélant des infiltrations et l'existence de branchements illicites. Les 154 kilomètres de canalisations de collecte des eaux usées seront contrôlés par vidéopériscope et les tronçons les plus anciens ou abîmés auscultés par caméra.
« Grâce aux enregistrements continus, ce dispositif offrira la possibilité de surveiller la qualité de l'eau en permanence, et de connaître l'incidence des différents événements sur les milieux naturels. Cela permettra également de mesurer le gain environnemental des actions entreprises », explique Éric Blin, responsable du CCMA. Cette gestion active des milieux aquatiques entre dans le cadre d'une démarche de certification ISO 14001 du réseau d'assainissement de Sète prévue pour 2009, et permet à la ville d'être en avance dans l'application de la nouvelle réglementation sur les eaux de baignade.