«Bonjour Sylvie, ne me pose pas de questions techniques, parce que je n'y connais rien ». D'entrée de jeu, Joël Séché campe son personnage : simplicité, tutoiement et bonne humeur sont de rigueur. Ça tombe bien ! On ne venait pas là pour l'interroger sur le procédé Mycet, pourtant mis en place dans la station de Livery à Guérande (voir p. 22). Cette station d'épuration est justement la première qu'il inaugure en tant que président du groupe Saur. Car depuis mai 2007, le groupe Séché Environnement, spécialiste du traitement des déchets, détient 33 % de Saur, et Joël Séché ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Mais il n'est pas évident d'arracher une phrase à cet homme pressé, véritable électron libre difficile à canaliser : il est avec nous sans y être vraiment, on sent qu'il poursuit déjà une autre idée et qu'il est prêt à partir butiner ailleurs. « L'objectif est d'atteindre 51 % le plus vite possible », affirme-t-il tout de même. Quant aux précisions sur la date, il reste vague : « Quand la crise financière ne fera plus la une. » Mais certains parlent déjà de 2009 pour cette prise majoritaire de capital. Ensuite, la fusion s'opérera certainement entre les deux entreprises. D'ailleurs, Joël Séché ne parle déjà que d'un seul chiffre d'affaires pour les deux entités : « Deux milliards d'euros », c'est le poids de Saur additionné à celui de Séché Environnement. À priori, cette inauguration est loin d'être la dernière, car « Joël », comme tous ses collaborateurs l'appellent, aime le terrain. Cette proximité du terrain et des gens est d'ailleurs l'un des principaux changements à la direction du groupe Saur. C'est ce qu'il nomme « l'état d'esprit ». Avec de nouveaux mots clés : qualité, innovation, développement durable, respect de l'environnement et du client. Au sein même de l'entreprise, beaucoup moins de hiérarchie et une culture beaucoup plus humaine et aussi plus commerciale. « Je souhaite faire une société très entrepreneuriale, en ordre de marche. » Le but est de constituer « un troisième acteur en environnement qui soit différent des deux autres ». Après Veolia Eau et Suez Environnement, Saur est en effet en troisième position sur ce marché. D'ailleurs, Joël Séché apprécie visiblement cette place de challenger et cultive sa différence. « Nous ne cherchons pas à devenir ce qu'ils sont ! » Ainsi, malgré le recrutement de l'ex-directeur de Veolia Transport, Olivier Brousse, comme directeur général, il ne compte pas s'orienter vers ce secteur. « On est environnement, on n'est pas transport. » Quant à aller vers les villes plus importantes : « On répondra en fonction des opportunités, mais ce n'est pas la priorité. » Un dernier mot sur le Grenelle où « Joël » a animé le groupe Biodiversité : « Avant le Grenelle, la biodiversité n'était pas vraiment un sujet de discussion pour le Medef ou pour les syndicats. On ne savait même pas ce que c'était. Mais, maintenant, tout le monde en parle... » PORTRAIT Joël Séché Président du groupe Saur