C'est l'un des contrats les plus importants en Europe, qui arrive à échéance fin 2010 et doit faire l'objet d'un appel d'offres début 2009. Il s'agit du contrat de délégation de service public (DSP) de la production et de la distribution de l'eau à 4 millions d'habitants que le Syndicat des eaux d'Île-de-France (Sedif) a confié à Veolia Eau en 1962 dans sa forme actuelle (avec des avenants réguliers). Rappelons que le Sedif travaille avec Veolia Eau depuis l'année de sa création,
en 1923 !
La première étape de ce long processus a consisté - après avoir fait étudier plusieurs scénarios par différents cabinets - à se prononcer sur le mode de gestion. Sans véritable surprise, le bureau exécutif s'est prononcé en faveur de la DSP sous la forme d'une « régie intéressée rénovée », tout comme le Comité technique paritaire du Sedif, composé à parts égales d'élus et de fonctionnaires de l'établissement. En revanche, la Commission consultative des services publics locaux (CCSPL) du Sedif a voté contre. Maiscomme son nom l'indique, son avis n'est que consultatif. Et c'est finalement le vote du Comité syndical du Sedif (c'est-à-dire des élus représentants de 142 communes du Sedif) qui a entériné, le 11 décembre, le type de gestion déléguée précité : 88 voix se sont prononcées pour 55 voix contre, ces dernières correspondant pour l'essentiel à des élus de gauche.
TROIS PRÉTENDANTS
Le contrat représente un chiffre d'affaires annuel - plus précisément un compte d'exploitation - de 371 millions d'euros (1). Autant dire qu'il aiguise les appétits des opérateurs privés capables d'y répondre. Mais tous le problème est là : qui peut y répondre hormis Veolia Eau ? C'est ce qu'a expliqué Suez Environnement par le biais d'une lettre aux élus représentant les 144 communes du Sedif, en déclarant son intérêt pour ce contrat et en expliquant que « l'étendue du service à déléguer donne à l'opérateur sortant (Veolia) un avantage considérable ».
UN ALLOTISSEMENT
Suez Environnement a donc demandé un allotissement, comme l'avait fait quelques mois plus tôt l'UFC Que Choisir, c'est-à-dire un découpage de ce contrat en plusieurs appels d'offres distincts, pour favoriser la concurrence. Cette initiative a fortement déplu à la direction du Sedif, qui a exprimé sa « stupéfaction face à [cette] campagne » : « Le Sedif considère que ses élus n'ont de leçon ni d'instruction à recevoir de quiconque sur ce qui est bon pour le service public de l'eau et sur le degré de démocratie qu'il doit comporter, qu'ils sont les seuls et les mieux placés pour apprécier. » De son côté, Saur s'est aussi déclaré « potentiellement intéressé » par ce contrat et a fait valoir ce même argument de l'allotissement : « Multiplier les lots était quelque chose de sain pour l'ensemble du métier, car les monopoles ne sont jamais très bons », a déclaré le porte-parole de Saur à l'AFP.