La France ne sera toujours pas dans les normes en 2009, selon un rapport officiel Inra/BRGM. Le BRGM a travaillé sur la caractérisation géologique, chimique et hydrogéologique des neuf bassins versants en contentieux nitrates en Bretagne en 2007. Ce travail a permis de classer les bassins en fonction de la vitesse de circulation des eaux souterraines, de la participation des eaux au débit des rivières et de la qualité chimique de ces eaux souterraines. L'étude permet d'avancer des explications sur le temps de réponse des bassins suite à une réduction des apports azotés qui sont obligatoires depuis janvier 2008.
Les simulations des concentrations en nitrates consécutives à une réduction de l'azote à 140 kg/ha montrent que seuls deux bassins (Gouessant et Urne) seraient probablement aux normes en 2009. Trois autres (Aber Wrac'h, Arguenon et Guindy) pourraient l'être, mais la probabilité dépend de la pluviométrie. Enfin, les Échelles, l'Horn, l'Ic et le Bizien resteraient au-
dessus des 50 mg/l. Ces prises d'eau sont d'ailleurs actuellement fermées ou en voie de l'être. Compte tenu de la dégradation du système, de l'inertie du sol et des réserves de nitrates dans le sous-sol, les modèles montrent une efficacité trop limitée du plan d'action pour atteindre la conformité, même en 2015. Le rapport parle même de 2020 pour le plus dégradé : l'Horn (Finistère). Ce captage fournit près de trois millions de mètres cubes par an à 40 000 personnes. C'est aussi le plus chargé en nitrates, avec des concentrations de 76 mg/l en moyenne.
Rappelons qu'en 2007, l'État avait obtenu deux ans de sursis de la Commission européenne qui menaçait la France d'une amende de 28 millions d'euros et d'une astreinte journalière de 117 000 euros pour non-respect de la directive nitrates de 1975. Pour obtenir ce sursis, la préfecture bretonne avait proposé de réduire les apports azotés de 210 à 140 kg par hectare dans les neuf bassins versants en contentieux. Sur les quatre bassins les plus dégradés, le cheptel devait être réduit et les captages suspendus.