L'exercice aurait pu se limiter au rituel annuel, avec pour seul objectif de prouver les efforts entrepris par Lyonnaise des eaux (LDE) en matière de développement durable. L'agence Vigéo procède en effet à un examen annuel de l'avancement de LDE par rapport à ses douze engagements, qui s'est caractérisé cette année par une progression de la note globale de 59/100 à 65/100, avec un niveau d'avancement probant pour chacun de ces engagements ou au pire une stagnation.
UNE RÉMUNÉRATION
À LA MISSION
Mais la dernière présentation de ce bilan annuel a surtout permis de constater que cette démarche de développement durable était en train de prendre au coeur même de l'entreprise. Une évolution rendue possible par la prise de conscience de ses dirigeants, et notamment de son PDG, Bernard Guirkinger, ingénieur de formation, qui a activement participé au Grenelle de l'environnement et s'est souvent déclaré impressionné par l'ampleur de ce phénomène de société. En conséquence, LDE est en train de faire évoluer son modèle commercial « pour lier directement la performance économique du contrat à la performance environnementale », explique Isabelle Kocher, directrice générale de Lyonnaise des eaux. L'exercice est loin d'être évident, car il faut inventer un nouveau modèle de rémunération du délégataire d'un service public, alors même que la loi sur l'eau de 2006 a réaffirmé le principe d'une rémunération liée au volume d'eau facturé qui était présent dans la loi sur l'eau de 1992. LDE souhaite donc sensibiliser les parties prenantes à la nécessité de faire évoluer ce modèle, ce qui devra, in fine, se traduire par un amendement de la loi sur l'eau.
Dans l'immédiat, l'« offre verte » de LDE propose d'évaluer l'empreinte environnementale d'un service d'eau et/ou d'assainissement à partir de trois indicateurs : l'empreinte climat (en utilisant la méthode de l'Ademe), la pression sur la ressource et la biodiversité. À partir de ce bilan, des engagements sont pris sur l'amélioration de ces paramètres, la rémunération de l'entreprise dépendant de l'atteinte de ces engagements. Le défi n'est pas simple pour
l'entreprise, car elle sort ainsi d'une relation contractuelle « confortable » et doit mettre en équation le risque qu'elle prend. Elle doit également déterminer une marge de profit qui apparaîtra alors de manière plus claire qu'avec le modèle habituel.
Pour avancer sur ce terrain, des expérimentations ont déjà eu lieu avec des collectivités locales. Elles se sont vues proposer une option affectant 1 % des recettes de l'entreprise à un bonus/malus, selon que des objectifs environnementaux préalablement fixés ont été ou non atteints. C'est encore très peu, mais « ce n'est qu'un début », annonce Isabelle Kocher. Bordeaux et Créteil sont les premières villes à avoir mis en place un tel système. L'entreprise poursuit son travail, en associant une centaine d'économistes, juristes, institutionnels, associations environnementales et de responsables de collectivités réunis dans son club Eau+. Au delà de l'innovation contractuelle, c'est aussi sur le terrain des technologies que LDE travaille, comme avec son offre « Degrés bleus » de récupération de chaleur sur les eaux usées dans les réseaux ainsi que plusieurs technologies qui se retrouvent également dans l'offre Edelway de Suez Environnement, et que nous vous détaillerons dans le prochain numéro d'Hydroplus.