L'eau est devenue un enjeu majeur pour Novo Nordisk Production. Il faut dire que l'usine de Chartres, unique site de production d'insuline en France, en est une grande consommatrice : il y a trois ans, elle figurait même au palmarès des dix sites les plus gourmands
en eau de la Région Centre. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un mauvais souvenir. Depuis la mise en place d'un programme d'optimisation de la gestion des ressources naturelles en 2005, elle a pratiquement divisé par deux sa consommation d'eau, passant de 230 000 m3 à 120 000 m3 par an. Alors que, dans le même temps, sa production a bondi de près de 60 % : 102 millions de cartouches d'insuline produites en 2005 contre 164 millions en 2008. Il faut désormais 0,73 litre pour produire une capsule de 3 ml. « Si nous étions restés au même niveau qu'en 2005, nous aurions utilisé 350 000 m3 d'eau en 2008 »,
commente, ravi, Xavier Roques, responsable utilités de Novo Nordisk Production.
OPTIMISER LES RESSOURCES
POUR PLUS D'ÉCONOMIES
L'eau utilisée provient du réseau de distribution de la ville. Elle est déminéralisée, puis distillée, chauffée, filtrée, en un mot décontaminée par toutes sortes de machines rutilantes qui s'activent en sous-sol. Autant d'étapes sur lesquelles il convenait d'agir pour réduire les frais. Car, évidemment, en diminuant la quantité d'eau utilisée, c'est aussi la facture que l'on allège. Après un état des lieux rigoureux des installations, chacune a donc eu droit à sa révision, petite ou grande. Parmi les plus belles économies réalisées, on trouve celle qui concerne l'osmoseur, marche obligatoire vers la déminéralisation. En diminuant les temps d'arrêt et en réduisant la durée de rinçage, l'usine a économisé 36 400 m3 d'eau... et 113 000 €. Du côté des distillateurs, c'est le nombre de démarrages qui a été optimisé. « Car à chaque fois que l'on démarre l'installation, on perd une cuve entière pour le lavage de sécurité », explique Xavier Roques. Passer de 22 démarrages par semaine à 11 seulement a permis de réduire la consommation de 2 500 m3. Et en augmentant la capacité de chaque cycle de déminéralisation (21 m3 au lieu de 17 m3 précédemment), ce sont encore 1 100 m3 d'eau et 3 400 e qui ont été épargnés.
L'usine n'a pas hésité à faire sien l'adage « Il n'y a pas de petites économies », et ses efforts ont payé. On peut d'ailleurs s'interroger sur la marge de manoeuvre qu'il lui reste pour réduire encore sa consommation. « Nous ne nous sommes pas donné d'objectifs chiffrés, mais évidemment la prochaine marche sera de passer sous le seuil des 100 000 m3 », prévoit Xavier Roques. Pour y parvenir, d'autres idées attendent bien sagement leur tour au fond des tiroirs, comme ce projet sur l'osmoseur inverse qui permettrait d'économiser quelque 10 000 m3 supplémentaires. Mais c'est surtout sur les employés eux-mêmes que les responsables fondent leur espoir. « Notre but est de sensibiliser tous les opérateurs sur notre démarche d'optimisation des ressources, car ce sont eux qui sont le plus à même de proposer de nouvelles améliorations. Chacun doit y penser lorsqu'il lance une installation », indique Michel Fillon, directeur général de Novo Nordisk Production. Pour peut-être donner définitivement l'exemple dans cette région agricole très gourmande en eau.